La Garnache – La motte féodale bientôt acquise par la commune

Lors du conseil municipal du 6 mars dernier, les élus de La Garnache étaient invités « à donner pouvoir au maire, M. François Petit, pour acquérir la motte féodale cadastrée 17 et 21 rue du Château, et d’engager toute les démarches en ce sens (…) » Une délibération votée à l’unanimité.

Auparavant, Sébastien Ménettrier, conseiller en charge de la culture et du patrimoine, avait expliqué que La Garnache a la chance de posséder « une motte féodale qui borde l’enceinte fortifiée du château historique de la commune. Elle date du début du moyen âge et se rapporte sans doute aux invasions normandes [Vikings] qu’a subi notre territoire. Sur cette motte de terre a certainement été édifié un premier donjon du temps des Mérovingiens (1). Des études récentes, en 2009, menées par Caroline Chauveau de l’université de Poitiers, situent le début de son histoire vers le Xe siècle » et laissent penser que tous ses secrets n’ont pas encore été révélés…

(1) L’époque mérovingienne est placée entre l’avènement de Clovis en 481 et celui de Pépin le Bref en 751 (encyclopaedia universalis).

La motte féodale ou castrale de La Garnache
La motte féodale ou castrale vue côté parc du château (LNC)

« La commune a lancé depuis peu un travail important de valorisation de son patrimoine et de communication de son Histoire. Il est donc opportun de pouvoir acquérir cette motte, puisque la situation le permet, et de poursuivre le développement culturel et touristique des lieux emblématiques de la commune. » Il sera bientôt – de nouveau – possible de visiter le parc du château féodal, restauré, et le parcours pourrait ainsi se terminer par le tumulus…

De la propriété privée au domaine public

Cette motte féodale, donc, se trouve actuellement sur une propriété privée – mais elle est inscrite aux monuments historiques, par arrêté du 7 mai 1960, sous le nom de « Tumulus dit la Butte Cavalière. » Et « les consorts Bénéteau, au nombre de quatre sur l’ensemble des propriétaires, (…) ont donné leur accord pour une cession à la commune moyennant l’engagement par celle-ci de conserver et d’entretenir la Sainte-Vierge présente sur les lieux. »

La Sainte-Vierge de la famille Bénéteau à La Garnache
La Sainte-Vierge de la famille Bénéteau au somment de la motte féodale (archives LNC – 09.2021)

Des surprises vont arriver autour du château…

Il s’agit pour François Petit « d’une acquisition symbolique, mais qui a toute son importance, puisqu’elle permet de continuer (la) démarche que nous avons lancée… » et cela s’ajoutera à « de petites surprises qui vont arriver d’ici le mois de juin, juillet, autour du château… » (dont celles annoncées précédemment).

Sauvegarde d’un lieu déjà occupé au VIe siècle

Cette acquisition permettra aussi d’aller plus loin dans la sauvegarde de ce lieu chargé d’histoire qui a bien souffert. Pas vraiment depuis sa création… ni durant les guerres de religion ou pendant celle de 39-45, même si des Garnachois se souviennent que l’occupant allemand avait installé un poste d’observation au somment de la motte… Les dégâts sont arrivés plus tard, lors de fouilles archéologiques assez rudes en 1957. Des photos sont visibles sur le site des archives de la Vendée, dans le fonds Grelier.

Les « fouilles » de 1957 (archives de la Vendée – fonds de l’abbé Grelier)

Après son intervention à La Garnache, Caroline Chauveau a écrit dans Chronique des fouilles médiévales en France en 2011 : « Cette fortification de terre est le plus ancien vestige du château de La Garnache et demeure mal connue. Des terrassements ont eu lieu entre 1958 (1957) et 1963, détruisant le tiers nord de la motte. » Et si « des observations avaient été faites à l’époque, les renseignements recueillis demeurent flous et parfois lacunaires… » Après les fouilles cette fois dirigées par Caroline Chauveau, « les résultats obtenus confirment plusieurs phases d’occupation du site depuis le VIe jusqu’au XVIe siècle : la première phase identifiée est un cimetière du haut Moyen Âge avec des sépultures en sarcophage de forme trapézoïdale, sans aménagement particulier. Un mobilier en verre inédit est associé à une sépulture : il s’agit d’un lot de 40 perles datées des VIe – VIIe siècles. »

La motte que l’on connaît aujourd’hui, lieu défensif, a ainsi été édifiée à partir du Xe siècle sur une « zone funéraire » datant au moins de ces VIe et VIIe siècles…

La Garnache, la motte féodale avant 1926
La motte féodale avant la construction de la nouvelle église en 1899 – on imagine facilement un fort en bois au sommet de la butte alors plus imposante…

Documentation et sources : conseil municipal de La Garnache du 6 mars 2023 ; Caroline Chauveau, article des Chroniques des fouilles médiévales en France en 2011 ; archives de la Vendée ; recherches et documents LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 13 mars 2023 – Didier LE BORNEC

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