A la frontière entre Challans et Soullans, caché dans les arbres, se dresse l’imposant château de la Vérie. Son origine remonte au moins au IXe siècle, et ce fut d’abord un « château fort » destiné à repousser les invasions « Normandes et Scandinaves, » soit « Vikings. » Il était alors « en bordure de mer, » mais il est encore à deux pas du Marais breton-vendéen : les premiers étiers ne sont pas loin.
Après une première place forte en bois, le château « fut construit en partie avec la pierre des carrières avoisinantes qui étaient encore exploitées au cours de notre siècle, » écrit Roger Abillard dans Le Vieux Challans 1830 – 1950 (édité en 1992).
« Vers 1100, ce château appartint à la Commanderie des Templiers de Coudrie, puis en 1450 à François de la Vérie, qui servit dans les armées de Louis XI. »
Fin XVIe, il fut reconstruit « à la demande du propriétaire d’alors, Jacques Bouhier, trésorier d’Henri IV, » une reconstruction largement inspirée par le château de Beaumarchais à Bretignolles-sur-Mer, qui appartenait à son frère, Vincent Bouhier.
Vendu, revendu, le château arriva finalement entre les mains de la famille de Lézardière, soit du baron du Poiroux, Louis Jacques Gilbert, père de 15 enfants, dont l’historienne Marie-Charlotte-Pauline de Lézardière, née à la Vérie le 25 mars 1754, et qui est entrée dans l’Histoire avec son ouvrage Théorie des lois politiques de la France.
Pauline y vécut 22 ans. Puis, en 1776, toute la famille déménagea dans le bocage, au château de la Proustière, au Poiroux, afin de quitter « une rive marécageuse et peu salubre… » Ce qui nous donne une idée de cette région à l’époque.
Le château de la Vérie fut incendié pendant la Révolution, le baron étant soupçonné de « complot contre l’Etat… » par les républicains. D’abord mis sous séquestre, le domaine fut restitué à son propriétaire par Napoléon en 1801, puis revendu en 1805 à la famille Boux de Casson. « Ludovic et Olivier Boux de Casson y naquirent, et furent tous deux maires de Challans. »
Le château, « très endommagé – deux tours ont disparu, – fut restauré en 1886. La toiture et la façade sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 1964. » C’est aujourd’hui un hôtel 3 étoiles…
Les deux tours détruites ressemblaient sans doute à celles du château de Beaumarchais que l’on voit ci-dessous sur une gravure du Guide illustré à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et aux environs, publié par Henri Renaud en 1897.
La Pierre levée de la Vérie
A quelques mètres du château, la Pierre levée de la Vérie, qui date du néolithique, montre que ce lieu est un site remarquable depuis des millénaires. D’autres mégalithes se dressaient autour, mais ils furent dynamités au XIXe… pour en faire des cailloux.
Détail souvent ignoré : si le château de la Vérie se trouve sur le territoire de Challans, la Pierre levée est quant à elle sur celui de Soullans.
Sources : Roger Abillard, Le Vieux Challans 1830 – 1950 ; Francis Mallard, Challans pour les curieux, Shenov 2022 ; recherches et archives LNC.
© Les Nouvelles de Challans, 10 mars 2023 – Didier LE BORNEC