Prévisions météorologiques en 1922 – Trois coups de cloche : il va pleuvoir à Challans

« Chaque soir, le métayer sortait sur le pas de sa porte, et respirait, avant de se coucher, l’air de chez lui. Il s’avança jusqu’au milieu de la cour, et regarda le ciel, selon sa coutume, pour juger du temps du lendemain… » écrit René Bazin dans La terre qui meurt, roman publié en 1899 dont l’histoire se situe à Sallertaine.

Mais le mardi 18 juillet 1922, en page Challans du Phare (selon une note de l’abbé Grelier dans sa Chronique paroissiale), le journaliste Auguste Barrau (1) annonce des avancées considérables en matière de « prévisions météorologiques. »

« Depuis samedi dernier, le poste radiotélégraphique de la tour Eiffel est chargé par l’Office National Météorologique » d’émettre à destination des municipalités « des communications téléphoniques sans fil (TSF) pouvant indiquer aux cultivateurs le temps qu’il fera 15 heures à l’avance. » 

Afin de profiter de ces renseignements, « il suffit aux communes comprises dans un rayon de 500 kilomètres de se pourvoir d’un poste récepteur à galène. » Et cet appareil est si simple « qu’on pourrait à la rigueur le construire soi-même. » Mais « il sera nécessaire d’installer une antenne à l’extérieur de la maison où sera placé le poste, et de relier les deux éléments dans les conditions indiquées par l’instruction rédigée à ce sujet et dont toutes les Préfectures recevront un certain nombre d’exemplaires. »

Ces communications TSF ont lieu trois fois par jour, et pour les mairies le moyen le plus pratique de les porter à la connaissance des habitants « paraît être l’usage de la cloche. » Quatre codes sont à retenir : « Aucun coup de cloche s’il n’y a pas changement de temps ; trois coups pour annoncer la pluie ; six coups pour la gelée ; et dix coups pour la tempête, l’orage ou la grêle. » C’est à ce point extraordinaire qu’Auguste Barrau encourage la municipalité à ne pas retarder l’installation « d’un appareil récepteur dont le bon fonctionnement aurait été – naturellement – vérifié par l’expérience. » 

Clocher de Challans
Sonner l’heure, les messes… et donner la météo…

Est-ce que le maire de l’époque, Maurice Ballineau, a suivi ce conseil ? En tout cas, il est probable que les paysans – et les Challandais – ont continué un certain temps à se fier à leurs propres prévisions météo : ciel rouge le soir, le beau temps vient nous voir ; ciel rouge le matin, la pluie est en chemin !

TSF – publicité du journal Excelsior du 17 mai 1925 (RetroNews)

(1) Auguste Barrau (1856-1941) : journaliste, poète, homme de lettres et compositeur Challandais (il a également collaboré à plusieurs journaux politiques et littéraires parisiens, parfois sous le nom de Jean Des Saules).


Sources : Chronique paroissiale de l’abbé Grelier (archives de la Vendée) ; Erick Croizé (Shenov) ; gallica.bnf.fr ; recherches LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 18 mars 2023 – Didier LE BORNEC

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