Challans – Doit-on rebaptiser la rue du Général Leclerc ?

Après avoir mené un peu partout dans le monde des combats dangereux pour « la France Libre » – de 1940 à 1945, – le général Leclerc meurt le 28 novembre 1947 dans un accident d’avion au cours d’une mission en Algérie, près de Colomb-Béchar…

A Challans, lors du conseil municipal du 30 novembre de cette même année, le maire Victor Charbonnel fait part « de la stupeur avec laquelle la Nation a appris la disparition tragique du général Leclerc, inspecteur général des troupes de l’Afrique du Nord, qui a trouvé la mort, avec ses collaborateurs, dans un accident d’aviation… » Le maire situe alors le crash « dans le Sud du territoire marocain. » Après avoir retracé sa « carrière glorieuse, » son « épopée légendaire à travers l’Afrique… » Victor Charbonnel « tient à associer le Conseil municipal au deuil de l’armée et de la Nation, » et à adresser à la famille « ses sentiments d’admiration et d’affliction profonde. » En « signe de deuil, la séance est suspendue pendant quelques instants… »

Victor Charbonnel, maire de Challans de 1945 à 1959 (photo : archives de la Shenov)

Puis, lors du conseil du 29 décembre 1947 : « sur la proposition de (M. Constant Pinaud, conseiller municipal), le Conseil à l’unanimité décide de donner à une rue de Challans le nom du Général Leclerc. La rue de Nantes dans toute sa longueur sera à l’avenir dénommée Rue du Général Leclerc et des plaques y seront apposées. » Soit aujourd’hui de la place du Général de Gaulle à la place Jacqueline Auriol…

La rue du Général Leclerc de nos jours – au fond, la place Jacqueline Auriol…
La même rue autrefois, cette fois en direction de l’actuelle place du Général de Gaulle, ancienne place du Commerce, ou des Petites halles (que l’on aperçoit au bout)

Rebaptiser les rues ?

Mais voilà… cinq ans après, le 27 juin 1952, le général Leclerc fut à titre posthume élevé à la dignité de Maréchal de France. Aussi, fallait-il modifier le nom de toutes les voies devenues « rue du général Leclerc » vers 1947 ? Certaines villes l’ont fait, parfois après de longues années, comme aux Sables-d’Olonne. On trouve sinon des rues « du Maréchal Leclerc » à Châlons-en-Champagne, Meudon, Poitiers…

En 1952, le mot « maréchal » rappelait encore « un mauvais souvenir… » celui du maréchal Pétain, et pour cela – et des raisons pratiques, – on a préféré ne rien changer… D’autant plus que maréchal de France n’est pas un grade, mais une dignité d’Etat On peut donc conserver le mot « général » !

En 1986, dans son Dictionnaire des rues des Sables d’Olonne, Joël Perocheau (en collaboration avec Louis Kirié) mentionne encore la « rue du Général Leclerc, » qui fut autrefois le « Chemin de la Barre – la rue de la Liberté » après la Révolution de 1848, et la « rue de la Poste. » Elle est aujourd’hui la « rue du Maréchal Leclerc… »

Philippe de Hauteclocque… en vérité

Mais ce n’est pas terminé… Le « général / maréchal Leclerc » a posé d’autres soucis aux élus ! Car « Leclerc… » est un pseudonyme qu’il a adopté en rejoignant Charles de Gaulle à Londres en 1940, ne souhaitant pas combattre sous son vrai nom : Philippe de Hauteclocque, afin de protéger « des poursuites du gouvernement de Vichy » sa famille demeurée en France.

(Extrait des Dernières dépêches de Dijon du 9 décembre 1947 – BnF Gallica RetroNews – LNC)

Et cela a entraîné des bizarreries… On trouve à Nantes par exemple une « rue du Général Leclerc de Hauteclocque » ; ou à Vierzon, une « avenue du Maréchal Philippe Leclerc de Hauteclocque… »

A Nantes toujours, il existe également, place de l’Hôtel de ville, au milieu du square de l’Amiral Halgan, un monument en l’honneur du « Général Philippe Leclerc de Hauteclocque – Maréchal de France… » ce qui est finalement la dénomination la plus juste…

NB. Ce monument, inauguré en 1995, est l’œuvre du sculpteur challandais Henry Murail (1932-2012), à qui l’on doit la Marianne de l’hôtel de ville de Challans, mais aussi la statue placée à l’entrée de l’hôpital, ou encore un buste de Louis-Claude Roux (dans les salles du même nom…)

Henry Murail en 2006, lors de l’inauguration de la nouvelle mairie et… de la nouvelle Marianne…

Sources : Dictionnaire des rues des Sables d’Olonne de Joël Perocheau ; archives de la Vendée (cadastre) ; Gallica Bnf RetroNews ; recherches et archives LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 18 octobre 2024 – Didier LE BORNEC – (les articles sont optimisés sur PC)

Impression ou PDF de l'article (vérifiez le format pour les photos)