Août 1912 – Etienne Giraud, premier aviateur à se poser sur l’île de Noirmoutier

Le dimanche 11 août 1912, l’aviateur Etienne Giraud (1) posait son « monoplan Blériot de tourisme » sur l’île de Noirmoutier, « dans les prairies de M. Izacard. » C’était une première – et pourrait-on le refaire de nos jours ? Il lui arrivait aussi d’atterrir sur des plages, comme aux Sables-d’Olonne un mois plus tôt…

Le journal Le Phare de la Loire du mardi suivant décrivit l’événement en détail et titra : « Un Aviateur en promenade… » voler était devenu banal. Mais quand on voit l’appareil, si frêle, on se dit aujourd’hui que ça relevait encore de l’exploit ! voire du miracle…

(Carte postale ancienne – Collection Aimé Gausson – Photographie du Bois)

(1) Etienne Giraud – (Rochefort-sur-Mer, 1865 – Paris, 1920) il fut d’abord un cycliste réputé, puis il devint pilote automobile (l’un des fondateurs de l’Automobile Club de France), et aéronaute, aviateur (membre du comité directeur de l’Aéroclub de France), mais il fut aussi « yachtman, » skieur, escrimeur… boxeur ou lutteur à ses heures…

Paris-Bordeaux 1901 – Une spectatrice lance… un bouquet au passage d’Etienne Giraud, premier de la course en « voitures légères »  (d’après le magazine sportif « La Vie au grand air » – BnF Gallica – RetroNews – document LNC)
Bassin d’Arcachon 1901 – « Etienne Giraud à la barre de son canot automobile Rolla V » (« La Vie au grand air »)

Pour revenir au dimanche 11 août, « vers 3 heures, l’aviateur Giraud faisait sortir son monoplan du hangar d’Avrillé [Maine-et-Loire], pour se rendre à Noirmoutier par la voie des airs. Le ciel était nuageux, mais le vent faible. Sitôt qu’il eut pris place dans l’appareil, l’aviateur donna le signal du départ ; l’aéroplane roula quelques mètres sur le sol, puis s’élevant, monta rapidement à une grande hauteur et disparut dans la direction de Bouchemaine. »

Etienne Giraud passera au-dessus de Nantes une heure après, et « arrivé au Pellerin, l’aviateur, qui suivait le cours de la Loire, a obliqué vers le Sud-Ouest, se dirigeant vers Noirmoutier. » Le correspondant du Phare à Pornic « nous signale le passage de M. Giraud au-dessus de la Ferme au Breton, dimanche, vers 5 heures de l’après-midi. Le monoplan, dans lequel on distinguait assez bien l’aviateur, passa ensuite au-dessus de la Joselière, à une hauteur de 100 mètres environ. Il fila directement vers la mer, se dirigeant en droite ligne sur Noirmoutier. Pendant quelques minutes, on le vit diminuer graduellement à mesure qu’il semblait se rapprocher de l’horizon, jusqu’à ne devenir qu’un tout petit point clair. Ensuite, il disparut. »

« De notre correspondant de Noirmoutier »

Finalement, l’atterrissage à Noirmoutier « s’est produit dans d’excellentes conditions (…) M. Giraud franchit le bras de mer qui sépare la côte pornicaise de I’île sablonneuse en 10 minutes environ, ce qui représente une vitesse approximative de 100 kilomètres. » Le Phare annonce ensuite que « l’aviateur amateur séjournera un mois à Noirmoutier, » mais qu’il « n’a pas l’intention de rester inactif. S’il trouve aux environs de Pornic un terrain réunissant toutes les conditions voulues pour lui permettre d’atterrir sans danger, M. Giraud traversera sans doute de nouveau le bras de mer et peut-être plus d’une fois, pour le plus grand plaisir des nombreux baigneurs du pays qui suivront avec intérêt les évolutions de l’aviateur. »

Etienne Giraud… « sporstman »

Un document des archives municipales de Noirmoutier relate cette nouvelle avec quelques variantes : « Dimanche 11 août 1912, un aéroplane piloté par M. Etienne Giraud, sportsman bien connu qui vient en villégiature sur nos côtes, est arrivé dans l’île à 4 h 3/4 du soir. M. Giraud était parti d’Angers le même jour à 2 h 3/4. Il a traversé brillamment la baie de Bourgneuf, de Pornic à Noirmoutier, faisant le parcours de 14 km en quelques minutes. Son arrivée a provoqué dans la population un grand et légitime enthousiasme… »

Presque deux mois après, La Vie au grand air publiera la photo ci-dessus avec cette légende : « L’éclectique sportsman Etienne Giraud, qui a passé ses vacances à excursionner à bord de son Blériot, au large de Noirmoutiers (sic), va regagner Paris « via azurea… »

De nombreux journaux ont parlé de cet événement. Comme L’Etoile de la Vendée du 18 août 1912, qui cite un quotidien parisien : « L’île de Noirmoutier va-t-elle devenir un nid d’aviateurs ? Nous lisons dans l’Echo de Paris : Etienne Giraud est parvenu dimanche au terme de son voyage aérien : le chalet de la Pointe, près Noirmoutier. » Là aussi : « Parti d’Angers à 2 h. 45 de l’après-midi, » il passait « à 3 h. 54 au-dessus de Nantes, puis abordait la mer entre Pornic et la Bernerie. La traversée des 25 kilomètres de la baie de Bourgneuf était vivement enlevée, et l’atterrissage avait lieu à 4 h. 45. »

Etienne Giraud à la une de « La Vie au grand air » du 13 janvier 1912 (BnF Gallica – RetroNews – LNC)

Sources : Le Phare de la Loire et La Vie au grand air (Gallica BnF RetroNews) ; L’Etoile de la Vendée (archives de la Vendée) ; Michel Villéger (Les Cahiers du Noroît 2020 – Shenov) ; recherches, photos et documents LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 10 juillet 2023 – Didier LE BORNEC

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