1937 – « L’étrange histoire du veau marin » de Sallertaine

En juin 1937, le journal le Phare de la Loire, rubrique Challans, titrait : « Etrange histoire du veau marin (?) » et écrivait que « depuis quelques jours, les riverains du marais de Sallertaine sont en émoi. On parle, en effet, de la présence d’un veau marin, une sorte de monstre qui, la nuit, pousse des beuglements sinistres ! Cet animal aurait remonté le cours de l’Etier, depuis Fromentine, lorsque le marais était inondé, et depuis se tiendrait dans les fossés, allant même vers le Perrier. »

« Dans la journée, il est invisible ; cependant certains prétendent l’avoir aperçu et l’on parle même d’un chasseur qui s’était rendu dans les marais, avec son fusil, pour tuer l’animal, mais qui, le voyant apparaître à quinze mètres de lui, se sauva effrayé. » De nombreuses autres personnes tentèrent de le voir aussi, mais en vain. Le journal espérait « la capture prochaine de ce veau marin, si toutefois il existe, » pour rendre la tranquillité « aux paisibles habitants du marais. » Mais il n’y eut pas de suites apparemment.

Le veau marin est un phoque commun. On en trouve effectivement sur les côtes françaises ; la plus grosse colonie est en Baie de Somme. C’est un mammifère, massif, mais inoffensif, ce n’est pas un monstre…

Mais peut-être avait-on encore à l’esprit, en 1937, les descriptions des siècles précédents. Comme celle du dictionnaire de Furetière au 17e : le « veau marin est un poisson de mer qui a le cuir velu, noir, cendré & tacheté, qui a des espèces de mains et d’ongles… » Point positif : « il a plus de cervelle qu’un veau, contre l’ordinaire des poissons » ! Mais il possède aussi « des dents de loup : ce qui fait que les Espagnols & les Allemands l’appellent loup marin… » Enfin, il en existe « de grands comme des ours, & qui ont jusqu’à vingt pieds de long sur sept de large » ! Mieux, « dans les Indes, » on trouve « une espèce de veau marin, ou de bœuf marin d’une grandeur prodigieuse… » Pourtant, « on tient qu’on peut apprivoiser ce poisson, & on en raconte mille merveilles… »


© Les Nouvelles de Challans, 14 août 2022 – Didier LE BORNEC

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