1909 : Nouvelle campagne d’échenillage à Froidfond

Les anciennes délibérations municipales, les arrêtés des maires sont une mine pour découvrir le quotidien de nos aïeux, la Petite histoire. On y trouve aussi des choses surprenantes, comme cet arrêté du 17 janvier 1909 signé par le maire de Froidfond Patient Boilesve (1) et concernant… l’échenillage.

« L’an mil neuf cent neuf, le dix-sept du mois de janvier, nous Maire de la Commune de Froidfond, certifions avoir fait publier en affiches aux lieux accoutumés l’arrêté de M. le Préfet enjoignant aux propriétaires et fermiers de procéder avant le 20 février 1909 à l’échenillage des arbres, haies, buissons, sur les terrains qu’ils exploitent. Certifions en outre avoir fait un appel pressant à la bonne volonté de nos administrés pour que le travail dont il s’agit soit effectué d’une manière convenable dans le délai prescrit. »

Amende ou prison

Paul Fénelon (1903-1993), dans son Vocabulaire de Géographie agraire, nous apprend que « L’échenillage a été rendu obligatoire par la loi du 24 décembre 1888 ; il est appliqué sur tout un territoire par décret préfectoral. Ceux qui ne s’y conforment pas sont passibles d’une amende, et même de prison en cas de récidive, et l’échenillage est effectué à leurs frais. »

Cela avait permis la création d’un nouveau métier, échenilleur : « ouvrier qui échenille les arbres à l’aide d’un échenilloir, qui pratique l’échenillage prescrit d’ailleurs parfois dans les baux et les codes ruraux. L’échenilloir ordinaire est une espèce de sécateur placé au bout d’une longue perche et que l’on fait mouvoir avec une ficelle. Cet instrument, destiné à couper les feuillages couverts de chenilles, a l’inconvénient de supprimer des branches utiles. On lui préfère l’échenillage à l’aide d’un enfumoir qui répand des fumées de soufre ou de tabac pour asphyxier les chenilles. »

Selon d’autres sources, cette « loi qui ordonne l’échenillage » date du 25 ventôse de l’an IV, soit le 15 mars 1796, et « la première circulaire rédigée sur ce sujet fut publiée par François de Neufchâteau, alors ministre de l’intérieur. » Depuis cette époque, « au commencement de chaque année, les préfets, par acquit de conscience, ont soin de rappeler à MM. les Maires, par une circulaire insérée au Bulletin administratif, l’existence de cette loi sur l’échenillage et de leur recommander de veiller à sa rigoureuse exécution. Malheureusement, cette loi est faite de telle sorte qu’elle est inexécutable ; il en résulte que les arrêtés des préfets n’ont jamais été pris au sérieux dans aucune partie du territoire… » Ce n’est pas sûr apparemment.

Partie supérieur d’un échenilloir
Chenilles traînées au tribunal

Enfin, pour l’archiviste-paléographe Paul-Martin Bondois (1885-1971), « la première loi d’échenillage » remonte à 1732, et l’opération consistait « à détruire les nids de chenilles pour protéger les jardins et les cultures contre les dévastations de ces animaux. » C’était une plaie, et avant cela, « au Moyen âge, et encore au début du XVIe siècle, à la suite de procès, » sauterelles et chenilles « étaient régulièrement menées devant les officialités, avec avocats, procureurs… et solennellement condamnées » ! Au XVIIe siècle, les chenilles étaient encore vues comme des « insectes venimeux… »

De nos jours, le terme « échenillage » apparaît encore dans le décret n°87-712 du 26 août 1987 sur la liste des réparations locatives.

 

(1) Patient Boilesve (1858-1926), proclamé maire par les autres élus le 15 mai 1904 après les élections du 1er mai.

Sources : Archives de la Vendée ; Paul Fénelon, Vocabulaire de Géographie agraire ; Le Finistère de mars 1874 : retro29.fr ; LNC.


© Les Nouvelles de Challans – Didier LE BORNEC

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