Un bateau sur le blason de Challans ? La ville était jadis un « Port sur l’océan » ?

Le blason de Challans est visible sur le fronton de l’Espace Martel, ex hôtel de ville, mais aussi sur la façade des halles. Ce-dernier ornait l’ancien marché couvert surmonté d’une salle des fêtes. Il a souffert du temps et de son déplacement, mais on distingue nettement, comme figure principale… un bateau.

Ce blason se trouvait sur le pignon des anciennes halles / salle des fêtes inaugurées en 1931
Une explication en 1929

Dans le journal Le Phare du 8 septembre 1929, le journaliste Auguste Barrau écrit :

« … suite à la demande faite à M. Ballineau, maire, au sujet des armes de notre ville, M. Roquet, architecte municipal, vient d’en adresser le dessin à M. Maurice, architecte chargé de l’édification de la Chambre de Commerce sur la façade de laquelle doivent figurer les armes des principales villes de notre département.
Le blasonnement
[description] en est dû à M. l’abbé Charles Grelier, héraldiste et archéologue, qui en a trouvé les éléments dans des documents datant du 15e siècle. Ce blason, sculpté au fronton de notre Hôtel de Ville, se lit : « d’azur au chaland voguant d’or mâté du même, voilé et flammé d’argent et cantonné au chef dextre d’une étoile d’or et au chef senestre d’une tour ouverte et donjonnée du même ». Au dessus de la couronne murale est écrit : iter para tutum [voyager en sécurité], et au-dessous de l’écu : in viam pacis et prosperitatis [sur le chemin de la paix et de la prospérité]… »

Auguste Barrau était un farouche républicain, et l’abbé Grelier, un irréductible catholique, l’entente n’était pas vraiment cordiale entre les deux. Après parution, l’abbé envoya un rectificatif au Phare, qui fut publié le 10 septembre : « … On me communique un article de votre journal, où, à mon grand étonnement, je suis mis en cause. Je ne suis pas assez savant pour mériter les titres d’héraldiste et d’archéologue qui me sont décernés… » Et « … votre correspondant a été induit en erreur : je n’ai jamais vu les documents du XVe siècle où il me fait découvrir les éléments du blason de Challans… »

Chaland : un bateau à fond plat

Il reste que le « chaland » du blason, c’est-à-dire un bateau à fond plat, serait pour certaines personnes à l’origine du nom de Challans, et apporterait une indication sur son passé lointain, lorsque la mer, du moins le marais, baignait le bas de la ville, de La Rive à l’île d’Amour…

Mais le mot chaland remonte au 11e siècle seulement…

Et dans un document de la Société d’histoire, la description du blason est donnée avec quelques variantes, en conservant l’essentiel, mais en ajoutant : « Armes parlantes, toutes modernes et sans prétention d’étymologie scientifique, car rien ne prouve que le nom de la petite ville maraîchine vient du mot « chaland. » Pour certains, ses lettres de noblesse seraient bien plus anciennes, et Challans (Chalant 1173 ; Chalans 1220…) pourrait fort bien, de même que Chelles, Challes, Chalonnes… être un dérivé du radical pré-indo-européen cala, qui signifie abri, habitation, variante de cara, pierre… »

Sources : Auguste Barrau, Charles Grelier (Archives départementales de la Vendée) ; Shenov ; recherches LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 14 novembre 2022 – Didier LE BORNEC

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