Passant par Saint-Gervais, n’hésitez pas à voir ou revoir la grotte artificielle dite de Bordevert, ou Bourdevert – « Bord de Vert » sur la carte de Cassini. Elle est située à l’angle de cette rue de Bordevert et de la rue de la Ramée. Voir ou revoir car elle a évolué et elle évolue depuis qu’un habitant de la commune, Marcel Bocquier, a entrepris sa restauration en 2015 – une idée venue en marchant vers Saint Jacques de Compostelle avec son épouse Colette.
La grotte était alors à l’abandon, envahie par les ronces, les arbustes… le lierre courait jusqu’en haut du monument, ce qui lui donnait un côté nature, mais des statues manquaient, et pour finir, les grilles avaient disparu.
En « pierres de mer »
Sur place, un panneau explique : « Cet édifice a été réalisé à un retour de mission lors des fêtes de l’avent 1911 (…) C’est l’abbé Bréchoteau qui en fut à la fois l’architecte, l’entrepreneur et l’ouvrier. » La grotte est haute de 9 mètres sous voûte ; 13 mètres au sommet de la croix qui la domine. Elle fait penser – en plus petit, – au Palais idéal du facteur Cheval. Cela vient des différentes pierres de la région avec lesquelles l’abbé Bréchoteau l’a construite, dont des « pierres de mer » aux formes étonnantes.
Monument aux morts
La grotte était à l’origine le but « de processions lors de la Fête-Dieu, ou à l’Assomption. » L’ajout d’une stèle représentant un Poilu mourant en a fait également un monument aux morts de la guerre de 1914-1918. Ce monument a été repeint…
Mais longtemps, cet édifice ne fut pas le seul élément religieux du quartier. Jusqu’en 1972, tandis que la grotte disparaissait sous le lierre, un imposant calvaire, entretenu quant à lui, se tenait un peu plus haut, au Grand Moulin, dans le virage de l’actuelle rue de Bordevert, autrefois le « Chemin de Grande communication n° 59 de Saint-Gilles-sur-Vie à Machecoul. »
Le calvaire et le château d’eau
Cependant, la haute croix, à un moment, dû sembler bien petite. Les calvaires, si l’on respecte leur symbolique, sont érigés sur des lieux élevés (1) ; les châteaux d’eau aussi… pour une raison de pression. Et la pratique religieuse s’étant estompée, c’est ainsi qu’un château d’eau put se dresser en 1937 au pied du calvaire Notre-Dame du Rosaire de Challans, et en 1954 à côté du calvaire du Grand Moulin de Saint-Gervais – ce ne sont pas des cas isolés.
À Challans, le château d’eau vient d’être démoli, le calvaire subsiste… À Saint-Gervais le château d’eau est toujours en activité, mais le calvaire n’existe plus, de même que le Grand Moulin, ainsi qu’un… Petit Moulin qui était situé plus bas, sur le « chemin vicinal ordinaire n° 8 de la Ramée. » À Challans, subsiste par contre la tour d’un Moulin du calvaire, mais deux autres ont disparu. Les lieux élevés les attiraient aussi…
À Saint-Gervais, cependant, le grand calvaire ne fut pas détruit par la main de l’homme : il s’effondra durant la forte tempête de 1972, subissant le sort de nombreux monuments de ce genre dans la région. « Le Conseil paroissial décida alors de vendre le terrain où il était situé et d’utiliser le produit de cette vente pour implanter la croix près de la Chapelle, » explique la municipalité de Saint-Gervais, qui ajoute : « C’est l’entreprise locale Baraillère qui a fait les travaux en 1973. » D’où la présence d’un Christ couché sur une croix brisée sur le côté droit de la chapelle de Bordevert… À voir également.
(1) Calvaire, du latin calvaria, en grec Golgotha : le Mont du Crâne, colline où fut crucifié le Christ.
Renseignements : Association pour la Rénovation et la Transmission du Patrimoine (Marcel Bocquier) : asso.patrimoinestgervais@gmail.com
Sources : Marcel Bocquier ; les Archives de la Vendée ; recherches LNC.
© Les Nouvelles de Challans, 22 mai 2022 – Didier LE BORNEC