Le 30 mars 1872, à 14 h, soit « deux heures du soir, » eut lieu une « réunion extraordinaire du conseil municipal de La Garnache. » À l’ordre du jour : « le projet de construction d’un chemin de fer de Machecoul à La Roche-sur-Yon, » lequel a reçu l’approbation du sous-préfet.
Le maire est alors le comte Henri de la Rochefoucauld-Bayers, mais, étant absent, c’est le premier adjoint, Pierre Clavier, qui préside la séance. À ses côtés se trouve le conseiller général du canton, bientôt député : le marquis Armand de Baudry d’Asson. Il a été invité afin de « donner toutes les explications nécessaires touchant le dit projet.
Oui mais… avec une gare
Ce chemin de fer « est d’intérêt local, » et pourrait être d’une grande utilité pour les communes traversées : « La Garnache, Challans, Soullans, St-Gilles, Coëx, Aizenay, et se dirigeant vers La Roche-sur-Yon, » Bois-de-Céné est oublié, ou pas encore associé. Le conseil donne sans hésiter son accord, mais il doit aussi voter une subvention d’environ 5.300 francs qui serait produite par un impôt foncier de quatre centimes sur dix ans. Là, une condition est ajoutée, cette subvention « ne serait offerte (…) qu’autant qu’une gare sera établie dans l’endroit le plus rapproché possible de La Garnache. Ce point paraît être entre l’Equaizière et St. Thomas. »
Une pause de 1872 à 1876
La condition est accordée. Hélas… des retards, des soucis vont suivre, surtout pour des raisons financières. Ainsi, de 1872 à 1876… on ne verra pas de voie ferrée à l’horizon. En 1877 enfin, le tribunal des Sables-d’Olonne commence à prononcer des expropriations « pour cause d’utilité publique au profit de la Compagnie des chemins de fer nantais. » La section Machecoul – Challans sera finalement mise en service le 30 décembre 1878 ; la section Challans – La Roche-sur-Yon le 19 septembre 1880 ; et la branche Commequiers – Saint-Gilles-Croix-de-Vie le 17 octobre 1881.
La légende du pari
Mais cela ne s’est pas fait tout seul, et c’est ici qu’on entend parler de chevaux, et d’un pari gagné par le marquis, lequel aurait permis de construire la gare de La Garnache et le tronçon de voie ferrée manquant. Il y eut bien un pari, mais… c’est une autre histoire. En réalité Armand de Baudry d’Asson, passionné de chevaux, possédait « un trotteur nommé Zut ! réputé imbattable, » écrit Claude Mercier dans Étonnants Vendéens. « Mis aux enchères, il atteignit un prix considérable, » et « cette somme énorme » fut remise au ministre des transports pour la construction de la ligne.
Le marquis inaugura « lui-même le premier train, pour montrer à ses électeurs qu’ils pouvaient y monter… sans crainte. »
Épilogue
Ce grand projet était parti de La Garnache, mais le service voyageurs de la gare sera fermé en mai 1970, quatre-vingt-douze ans après son ouverture, et le service marchandises en 1987. Rentabilité… Le comble : afin de conserver les bâtiments, la ville dut les racheter à la S.N.C.F qui, « peu soucieuse des 20.000 francs or versés par la commune à la Compagnie des chemins de fer nantais pour l’édification d’une gare sur son territoire, n’hésitera pas à la lui vendre 100.000 francs, » (1) écrit l’historien Michel Amélineau… La Garnache « l’a véritablement payée… à prix d’or… si l’on note que le cours du louis est de plus de 500 francs actuels… ! » (76.22 euros).
(1) 15.245 euros.
Sources : Shenov ; Claude Mercier, Étonnants Vendéens ; Michel Amélineau ; LNC.
© Les Nouvelles de Challans, mis à jour 24 mai 2022 – Didier LE BORNEC