Du 18e siècle jusqu’au milieu du 20e, voire plus tard, on trouvait dans les églises… des suisses. Ils étaient des employés chargés de la garde de l’édifice, du bon déroulement des messes, des processions et autres cérémonies où ils ouvraient la marche…
L’origine des « suisses d’église » remonte à des ordonnances royales de 1771, lesquelles mirent en place un genre de pension de retraite pour les vieux soldats, les invalides… Mais les vieux mercenaires des troupes suisses au service de la France furent oubliés. Vint alors l’idée de les répartir dans les paroisses afin d’assurer les fonctions susdites – aux frais des paroissiens…
Militaires, ces suisses « portent l’épée, privilège royal accordé aux vétérans de plus de 25 ans de service (…) la hallebarde conformément au règlement de 1716 de l’Hôtel des Invalides… (mais aussi) la canne à pommeau dérivée de la masse des huissiers… »
Lorsque les vieux soldats Suisses disparurent, la tradition, quant à elle, demeura, « avec le même uniforme, les mêmes armes… » et quelques fantaisies : « un peu plus de plumes et de galons, et un chapeau de gendarme (…) à la place de l’ancien tricorne. »
D’après un commentaire de l’historien Jean-Christian Poutiers dans l’article Suisse d’église, ou bedeau d’Odile Halbert sur son site Modes de vie aux 16e et 17e siècles.
Est-ce que le premier suisse de Challans fut un soldat Helvète ? On l’ignore pour l’instant. En tout cas, de nombreuses personnes tinrent ce rôle par la suite. L’un des derniers fut Henri Fortin : son costume est exposé dans le petit musée de la société d’histoire de Challans (Shenov, espace Martel au deuxième étage).
L’un des derniers… car Henri Fortin est décédé en 1919, et il existe des photos datant des années 1940 et peut-être 1950.
Ici, un autre suisse devant l’imposant « Reposoir de feu Madame Gildas Grelier » pour la Fête-Dieu ou fête du Saint-Sacrement du dimanche 6 juin 1948 (document de l’abbé Charles Grelier – archives de la Vendée)
Enfin la « Procession du Pèlerinage Eucharistique » du 1er septembre 1904, où l’on voit trois suisses (document de la Shenov – photo Adeline Boutain [1862-1946]).
Sources et documents : société d’histoire de Challans ; archives de la Vendée ; Erick Croizé ; Odile Halbert ; Jean-Christian Poutiers ; recherches LNC.
© Les Nouvelles de Challans, 5 février 2023 – Didier LE BORNEC