Le coq ne nous connaissons aujourd’hui n’est pas celui qui dominait le « Monument aux morts pour la Patrie » inauguré le 29 octobre 1922 en hommage aux disparus de « la Grande guerre » (1).
Dix-huit ans après, la Seconde guerre mondiale éclate, et le 22 juin 1940 Challans est occupé par l’armée allemande, la mairie changée en kommandantur… Et dans les archives de l’abbé Grelier, au dos d’une carte postale, on peut lire cette note manuscrite : « Pendant la guerre de 1939 (…) l’un des majors-commandants (allemands) fit enlever le coq qui surmontait ce monument par M. Arsène Gautier, combattant de la guerre de 1914. » Le but était de le fondre, car il était supposé être en bronze.
Un coq en plâtre !
« Mais là, les Allemands ont été dupés. Le coq avait une enveloppe de cuivre bruni, et l’intérieur était en plâtre. Le réalisateur du monument avait dû répondre au marché tel qu’il avait était passé, et le rendu était satisfaisant puisque même l’occupant s’y est laissé prendre ! » raconte Jean Voyeau, qui a connu le fin mot de cette histoire par des témoins oculaires – Jean Voyeau fut le premier adjoint du maire Louis Ducept, puis président du Comité de la Foire des Minées durant 10 ans, succédant à Hubert Pacteau (1).


Un monument sans coq durant plus de 50 ans
Après la libération pourtant, et durant de longues années, personne n’a songé à remplacer ce coq. Ce n’est « qu’entre les années 1996 et 1998 » qu’Hubert Pacteau a proposé de le reproduire : « il s’est inspiré d’une photo d’époque appartenant à M. et Mme Yvon Naulleau, voisins de l’hôtel de ville. » C’est donc une sculpture de cet artiste qui surplombe de nos jours le monument aux mort de Challans !

Appel à témoins
Mais Jean Voyeau ajoute : « Ce nouveau coq a été posé lors d’une cérémonie en petit comité, nous n’avions pas prévenu la presse… » Ce qui fait que la date a été oubliée… et s’il existe des photos de cet événement, elles sont quelque part au fond d’un tiroir… Toute information sur le sujet est donc la bienvenue ! Indice : on trouve dans la presse locale un monument aux morts sans coq en 2001 et avec coq en 2005…
À suivre…

(1) Les frères Jan et Joël Martel avaient proposé à la municipalité un projet original pour ce monument qu’ils pensaient placer « dans un cadre de verdure, » devant le parc des Marzelles, et non devant la mairie, dont il masque la vue. Mais le marché a été attribué à M. Gourdon, marbrier-graveur à Paris, pour son modèle industriel « avec coq. »
On trouve à Lagrasse, dans l’Aude, un monument aux morts Gourdon… sans coq… mais dont le bas-relief est identique à celui de Challans
Les Marbreries générales Gourdon ont proposé des monuments pour les particuliers, ou les collectivités, dont des monuments aux morts. Elles pouvaient sous-traiter la fourniture des parties en bronze ou en fonte, sans que les fondeurs apparaissent dans la réalisation. La statuaire pouvait être aussi bien française qu’étrangère, italienne notamment. Un certain nombre de monuments documentés par l’Inventaire des monuments historiques montre cette sous-traitance à Carrare et le recours à des ateliers de sculpture mécanique.
(2) Hubert Pacteau (décédé à Challans en 2014) était un artiste touche à tout et génial : peintre, dessinateur, affichiste, sculpteur, décorateur… comédien amateur… président de la Foire des Minées (créateur de 40 de ses affiches)

Sources : les Cahiers du Noroît (Shenov) ; Florence Regourd ; Erick Croizé ; Jean Voyeau ; Archives de la Vendée ; LNC.
© Les Nouvelles de Challans – Didier LE BORNEC