Challans – D’où vient le nom du « boulevard Mourain du Patis » ?

Ce boulevard court du rond-point Carnot à la rue du Landa. Là, sans logique apparente, il devient le boulevard du Bois du Breuil. Mais ces deux voies n’ont pas été percées en même temps, et c’est le boulevard du Bois du Breuil qui est le plus ancien. Il portait à l’origine le joli nom de Boulevard de l’Abattoir, un abattoir qu’il desservait essentiellement, qui était la réalisation d’une très vieille promesse électorale, et une fierté pour la ville.

Le boulevard de l’Abattoir (et non « de l’Abbatoir » comme écrit sur la carte) allait à l’origine de la route de Saint-Jean-de-Monts à la rue du Landa
Mais… Mourain du Patis ?

Dans les années 1960, Challans s’entoure de grands boulevards, et ouvre de nouvelles rues… que l’on doit dénommer. Mademoiselle Groussin, secrétaire de mairie, rédige alors un Rapport à Monsieur de maire de Challans pour donner aux rues des Noms de Célébrités locales dignes de servir de modèles. Dans ce document, elle propose « deux célébrités nées à Challans, » le docteur Viaud-Grand-Marais et Émile Cavoleau (1), ainsi qu’une « célébrité née hors Challans » : Jean-Louis-Félix Mourain du Paty – qui donnera le « Boulevard Mourain du Patis, » mais on trouve aussi dans certains textes des « Mourain du Pasty, » « Mourain du Pâty, » ou « Mourain du Pastis… » Paty serait la bonne orthographe.

Le rond-point Carnot ne figure pas encore sur le cadastre rénové 1970-1979 ; le boulevard Mourain du Patis non plus, mais la rue Émile Cavoleau est déjà là (appelée par erreur « Cavallo »)
Jean-Louis-Félix Mourain du Paty (1732-1815)

Jean (ou Joseph) Louis Félix Mourain, sieur du Paty, est né à Saint-Jean-de-Monts le 8 septembre 1732, et décédé à Sallertaine le 11 avril 1815. Pendant la Révolution, il fut président du District de Challans. Cette division territoriale de la nouvelle Vendée était composée des villes d’Apremont, Beauvoir, Bouin, Challans, La Garnache, Noirmoutier, Palluau, Saint-Gilles, Croix-de-Vie, et Saint-Jean-de-Monts.

Mais dans son rapport, Mlle Groussin cite le journaliste et historien républicain Louis Chassin, lequel disait de Mourain du Paty qu’il était « le continuateur des travaux de dessèchement des Marais de Challans et de Beauvoir, entrepris par son beau-père, Mercier du Perrier, et qu’il reconstitua après la guerre civile, à ses propres frais, les herbages ainsi que les souches de bétail et de chevaux qui faisaient la richesse du pays. »
Ainsi, en donnant le nom de Mourain du Patis, homme de bétail, à la rue faisant suite au boulevard de l’Abattoir, les élus de l’époque se dirent sans doute qu’il y avait une certaine continuité…

(1) Émile Cavoleau (1814-1878), propriétaire et négociant challandais. Par testament, en 1876, il légua dix mille francs anciens à la commune afin « d’ériger une fontaine d’eau bonne à boire, à jet continu, place des Vieilles halles » (ou Halle au beurre, sur l’actuelle place du Général de Gaulle). Elle devait porter son nom « dans le but de perpétuer le souvenir du passage de la famille Cavoleau à Challans. » Cela n’ayant jamais été fait, Mlle Groussin jugea que la ville se devait de donner un nom de rue « à ce bienfaiteur… »

La Halle au beurre de Challans et sa fontaine anonyme

Sources : Archives de la Vendée (cadastre) ; Shenov ; Erick Croizé ; recherches LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 6 décembre 2021 – Didier LE BORNEC

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