1938 – Challans, Le Mollin, La Garnache, une course de chevaux… sur route !

Le lundi 7 mars 1938, à la une de la page des sports du quotidien nantais Le Phare, les lecteurs découvrent un article qui annonce : « A Challans, sous un ciel printanier, le XVe Raid Hippique doté par « Le Phare » (et organisé par la Société Sportive Challandaise) remporte le plus brillant succès (…) La grande épreuve sur route revient au trotteur Eblis. »

L’article est illustré par une photo du trotteur vainqueur  et « de son conducteur, André Sorieux fils. »

S’il y avait plusieurs rendez-vous au programme ce jour-là, le journaliste décrit surtout le déroulement de ce « raid, » course de longue distance qui avait donc lieu sur route (le mot raid vient de l’anglais road : route).

Une grande épreuve vendéenne

Et il insiste d’abord sur la météo. L’an passé « nous avions vu Faisan-Prince, baptisé Furax pour la circonstance, gagner sous la neige, avec M. Remaud de St-Gervais, le Raid hippique de Challans, devant Jéricho-IV, à M. Brégeon de Rennes, au milieu d’une grande affluence de public. Hier, c’est (donc) sous un soleil de printemps que s’est disputée la grande épreuve vendéenne… » et grâce à cela, cette première journée de courses de l’année « a remporté un succès jamais atteint ! »

Le Phare avait déjà parlé de Maurice Remaud, entre autres en 1936 lors de courses à Fonteclose (La Garnache).

Maurice Remaud sur « Furax » à Fonteclose en 1936 (Le Phare – archives de la Shenov)
Rassemblement place Aristide Briand

Pour commencer, « au rassemblement, place Aristide Briand, dès 9 heures du matin, de nombreux spectateurs étaient venus admirer les concurrents. On remarquait le magnifique alezan Galantés, à M. Lemoine (1), de Forges-la-Forêt ; Eblis, un beau trotteur, à M. Sorieux, de Chelun, propriétaire souvent heureux dans les raids hippiques ; Juparana, une trotteuse qui est connue sur les hippodromes de l’Ouest. Il y avait trois groupes distincts de candidats : ceux venus d’Ille-et-Vilaine, Eblis, Galantès, Juparana ; les charentais : Avilo, La Guêpe ; et enfin les chevaux de l’Ouest, dont Faisan-Prince, le gagnant de l’an dernier ; Falaise-III, l’ancienne trotteuse de M. Jaunet ; Ira-t-il, un autre trotteur, et Desabella (…) »

(1) A l’époque, employer « à » pour « de » n’était pas « vivement critiqué… »

Galantès manque le virage…

Puis « à 9 h. 50, M. Guillet, l’actif secrétaire du Raid hippique de Challans, avait réuni tous les concurrents sous ses ordres route du Bois-de-Cené, et leur donnait un excellent départ. Seul, Ira-t-il, partait lentement (…) Jusque dans la descente de Mollin, Juparana et Galantés étaient en tête. Mais Galantès échappait à la main de son conducteur et au lieu de prendre le virage, continuait emballé la route du Bois-de-Cené. Faisan-Prince était arrêté, ainsi qu’Ira-t-il et la jument de M. Bonastre, de Saintes, victime d’un accident de gourmette, mais celle-ci repartait au bout de quelque temps… »

La gourmette est un accessoire du mors : « elle permet d’augmenter l’effet levier et donc les contraintes sur la bouche du cheval. L’utilisation d’un mors à gourmette est réservée aux cavaliers expérimentés… » horse-academy

Du Mollin à La Garnache…

Le virage du Mollin pris correctement, le raid se poursuivit jusqu’à La Garnache, là, « Desabella, à M. Etienne Néau de Noirmoutier, avait 25 mètres d’avance sur Eblis et Juparana, mais elle paraissait donner déjà des signes de fatigue. En effet, au passage à niveau de Bellenton (Bel Enton), juge de paix de l’épreuve, après le château, à 2 kil. 500 de l’arrivée, elle s’effondrait… » Qu’on se rassure, la trotteuse « à M. Etienne Néaud, Noirmoutier (Vendée), » arriva tout de même à Challans, en 5e position.

Le château de Bel Enton, « juge de paix de l’épreuve »

Cependant, « Eblis, sans avoir besoin d’être poussé (…) n’avait plus qu’à continuer dans son action pour atteindre premier la ligne d’arrivée avec plus d’une minute d’avance sur Juparana, [trotteuse de 8 ans, à M. Devédec, de Locminé, Morbihan] qui finissait bonne seconde bien détachée devant Falaise-III, à M. Gouin, de l’Aiguillon-sur-Mer, et La Guêpe, à M. Périgord, de Rochefort-sur-Mer… » Eblis avait couvert « les 14 kilomètres du parcours en 25’55 ’’, trottant le kilomètre en 1’51’’1/2. L’an dernier, Faisan-Prince (Furax) avait couvert la distance en 24’20’’ (1’45’’ le kilomètre)… »

Sources : Le Phare de la Loire (RetroNews BnF et archives de la Shenov) ; recherches LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 25 janvier 2023 – Didier LE BORNEC

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