1896 – Des ventes de fausses « pommes de terre de Noirmoutier » à Nantes et à Paris

Le samedi 9 mai 1896, le quotidien Le Phare de la Loire s’emporte contre une « tromperie sur la marchandise, » et précisément sur de fausses pommes de terre nouvelles de Noirmoutier. « Depuis tantôt quinze jours, nous entendons dans les rues [de Nantes] ces cris : Pommes de terre nouvelles !… Noirmoutier à trois sous ou à quatre sous la livre ! » Mais cela voudrait dire « que la petite île » produit des quantités phénoménales de tubercules, et pour le journal, il est évident qu’elles ont « une tout autre origine. »

Caractéristique : « taille lilliputienne »

D’ailleurs, « si nous nous reportons à un mois en arrière, on vendait déjà des pommes de terre de Noirmoutier, et cependant il n’en avait pas été expédié de cette île sur le marché de Nantes. Il n’est pas besoin de dire que les pommes de terre vendues à cette époque, pour être d’une taille lilliputienne, n’étaient pas des produits de la récolte le 1896. »

La Coopérative Agricole de Noirmoutier indique de nos jours, à propos de cette pomme de terre primeur, qu’on la trouve « sur nos étals dès le mois d’avril, et qu’elle ne peut être vendue après le 15 août. »

Déjà des « fakes news… » ou fausses nouvelles en vieux français

« Nous n’avons pas l’intention de reproduire une version accréditée dans le public qui dit que ces pommes de terre sont fabriquées. Non, elles sont seulement conservées et, au moyen d’une préparation peu coûteuse et inoffensive, on leur enlève la peau épaisse qui recouvre la vieille pomme de terre et en même temps l’empêche de germer. On peut vendre ainsi (…) de petits tubercules que l’on baptise du nom de « Noirmoutier nouvelles » et que l’on vend avec aplomb 50 ou 75 centimes le kilogramme, quand, en réalité, cela vaut à peine 10 centimes. Tant pis pour ceux qui se laissent prendre ! nous dira-t-on… c’est le commerce. Nous croyons le contraire. On n’a pas le droit de vendre comme pommes de terre nouvelles des pommes de terre de l’année précédente, car il y a là tromperie sur la qualité de la marchandise vendue, un délit prévu par le Code pénal, » (qui existe toujours).

Chaque jour arrivent des bateaux chargés de pommes de terre

Ce n’était plus le cas lors de la parution de l’article : « … à l’heure actuelle, on est à peu près certain de ne pas être trompé au point de vue de la nouveauté de la pomme de terre, mais on peut l’être encore sur la provenance. En effet, il arrive journellement des bateaux de Noirmoutier chargés de pommes de terre. Mais toute la cargaison n’est pas vendue à Nantes. Il en est expédié de fortes quantités sur la capitale et il est absolument certain que ce qui reste dans notre ville ne peut suffire à alimenter les marchands qui courent dans les rues avec leurs baladeuses [petite voiture de marchand ambulant]. Mais enfin ce sont des pommes de terre nouvelles que l’on paie 15 et 20 centimes le kilogramme… ! »

Sources : d’après Gallica Bnf RetroNews ; les archives de la Vendée ; geneanet.org ; recherches et documents LNC


© Les Nouvelles de Challans, 25 février 2024 – Didier LE BORNEC

Impression ou PDF de l'article (vérifiez le format pour les photos)