« Dans le Marais de Challans qui ne semble plus qu’une mer immense… »

Nos marais ont toujours été plus ou moins sévèrement inondés l’hiver. En 1939, l’eau monte un peu partout, et on peut lire dans les actualités du Phare de la Loire du 26 janvier : « … Toutes ces inondations, quoique très pénibles pour les habitants, ne les ont pas surpris, car tous les ans, les eaux reviennent autour de leurs maisons bâties sur des buttes comme les huttes de la région de Damvix et de Nalliers (1), ou comme les bourrines de Soullans et du Perrier, » ou encore Sallertaine…

(1) A la limite Sud de la Vendée, au bord du Marais poitevin.

Les sabots flottent dans la maison

Pourtant, « C’est une catastrophe quand au matin, en descendant du lit, on cherche en vain ses sabots emportés dans l’intérieur de la maison par l’eau entrée la nuit ; ou quand il faut, comme en 1936, faire la cuisine dans des chaudrons posés sur la yole poussée dans l’habitation… »

Un autre article du Phare, illustré de très belles photos, décrit précisément cette situation et le déplacement de l’eau. Un article au titre poétique : « Dans le Marais de Challans qui ne semble plus qu’une mer immense, » lequel est conservé dans les archives de la Shenov, mais qui hélas ne porte ni date ni signature.

Il commence ainsi : « L’eau ne diminue toujours pas. Le vent continue de souffler venant de la mer, et, dégageant les marais de Monts, il entasse l’eau vers l’Est, vers Soullans et Sallertaine. Le marais de Soullans, parce que déboisé, impressionne le plus. Cependant, Sallertaine souffre aussi beaucoup de l’inondation. Sauf d’un côté, vers Challans, le bourg est coupé de toute communication ; vers le Perrier, l’eau passe sur la route sur plus de deux kilomètres (…) »

Une carte postale « relativement récente » du… « Périer » (sic) montre que le problème a duré (LNC)

Les voitures à cheval passent…

« Vers Soullans, la route du Grand-Moulin, malgré les vagues se rejoignant par endroits, reste praticable ; mais celle des Birolères disparaît. Les voitures à cheval y passent, mais avec un demi-mètre d’eau. Il a fallu marquer la route par des piquets. Il est impossible de passer par la route d’Orouët, qui débouche sur la route de Saint-Gilles à Saint-Jean-de-Monts. »

« Dimanche dernier, on a annoncé au Perrier d’aller soutenir les digues. » Celles-ci, en terre, bordent la commune vers Sallertaine et Soullans, « mais il est difficile de trouver de la terre sous les terrains inondés. »

« L’exhaussement de la digue vers Soullans a toujours paru refouler l’eau dans cette direction ; si le vent tombe, ou tourne vers la mer, l’eau ne pourra retourner vers le Perrier. Et elle mettra longtemps à s’écouler, car elle ne s’échappe que par le Longeron et la Vie. Or, les rivières sont toujours pleines de l’eau qui descend du Bocage, elles ne gardent aucun tirant pour assécher le Marais. »

« Vers Challans et Sallertaine, l’eau s’écoulera peut-être plus vite en raison du Grand-Etier qui passe à l’écluse du Grand-Pont à Beauvoir. Mais, malgré les dragages, il reste bien envasé. »

« Quant au Marais du Perrier et celui abrité par les dunes de Monts, » ils ne semblent pas près d’être vidés : « il y a bien un canal, mais il est plus large dans l’intérieur du marais qu’à la sortie sur la mer, à la Barre-de-Monts, et là, il est assez envasé. » Conclusion : « Comment l’eau sortira-t-elle d’une bouteille qui a un bouchon au goulot ? »

Sources : Le Phare de la Loire, de Bretagne et de Vendée (archives de la Shenov et de la BnF Gallica – RetroNews) ; recherches LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 20 février 2023 – Didier LE BORNEC

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