Une troisième carte postale ancienne de la rue Carnot, légendée il y a quelques années par le libraire Maurice Despret :

« Toujours la rue Carnot, avec le bureau de tabac qui est toujours au même endroit, et qui était tenu à l’époque par Alexandre Naulleau et son épouse.
« Sur la photo il croise les bras.
« À droite, c’est le voisin, Monsieur Pierre Fourage, boulanger, aujourd’hui boulangerie Courant… »
De nos jours… le bureau de tabac continue à résister au temps, et avec lui pour l’instant, deux commerces récents par rapport à cette époque : la bijouterie et le petit salon de coiffure. La quincaillerie Salmon, quant à elle, n’est plus, mais il subsiste le pignon gauche et ses cheminées !
Depuis les mandatures de Serge Rondeau, la ville, petit à petit, rachète tout ce quartier afin de le raser et d’y construire des immeubles et d’autres locaux commerciaux.

Mais ce coin de rue avait déjà été réaménagé après la disparition de l’abbé et historien Charles Grelier (1879-1968). Sur la carte postale de Maurice Despret, on aperçoit la maison de l’abbé, juste après la fillette et sa maman, à l’angle de l’ancienne rue Louis XIII. Cette voie fut coupée et la maison de l’abbé Grelier détruite pour construire un centre commercial… dont les bâtiments vont être démolis à leur tour. La quincaillerie Salmon, au milieu, avait déjà été transformée. La boulangerie plus tard.

Sur le cadastre rénové de 1971-1979, la maison de l’abbé Grelier, au n°30, et la boulangerie, n°36, n’ont pas bougé ; mais au n°32, la quincaillerie Salmon est déjà reconstruite et en retrait, touchée par un plan d’alignement – le tabac est au 34 (d’après les Archives de la Vendée)

Le quartier de la Basfrie ?
Cet endroit, dit-on, était autrefois le quartier de la Basfrie, bien vivant, bon vivant. Ce nom remonterait au moins à 1413, et, selon l’abbé Grelier, il tire son origine du fait qu’on venait s’y « baffrer [manger avidement] après le jeûne imposé alors avant d’avoir communié à la première messe. » Se bâfrer aux auberges du Soleil levant, de La Gerbe de blé, ou celle qui allait devenir le Louis XIII…
L’explication est amusante, mais… dans la retranscription du Cartulaire de N.-D. de Challans, ouvrage auquel l’abbé se rapporte pour l’année 1413, il est question d’une « rue de la Basserie. » Est-ce une erreur ? En tout cas, le mot bâfrer date du 18e siècle, et en a remplacé un autre du 16e : bauffrer... Basfrer n’apparaît pas dans les dictionnaires anciens.

(À suivre…)
Sources : documents confiés par Nicole et Sophie Biteau ; archives de la Vendée ; Shenov ; recherches et documents LNC.
© Les Nouvelles de Challans, 29 octobre 2022 – Didier LE BORNEC