Le quartier des halles de Challans est en pleine mutation, il était autrefois « le quartier neuf, » créé de toutes pièces au milieu des prés à partir de 1846. Pour l’occasion, Erick Croizé, président de la Shenov, s’est penché sur le passé d’un magasin mythique de cet endroit : la quincaillerie Sylvain Bailly (1), dont la véritable histoire n’est pas connue de tous…
(1) Elle est aujourd’hui la quincaillerie Bailly-Quaireau.
Erick CROIZÉ – « A force de présenter la quincaillerie Bailly comme une carte postale ancienne, on a totalement oublié qu’elle n’a pas débuté sa longue existence sur la place Aristide Briand, mais dans la rue de la Bonne Fontaine. Ce sont les bâtiments aux volets verts qui viennent de disparaître qui virent Sylvain Bailly lancer son entreprise en 1892. »
Cette création d’entreprise viendra « après que Sylvain Bailly ait fait son apprentissage à la quincaillerie Salmon, rue Carnot. »
La première quincaillerie Bailly, donc, « faisait l’angle des rues Bonne Fontaine et de la Concorde, et comprenait magasin, entrepôts et habitations… »
« Ce n’est qu’en 1919, après la Grande guerre, qu’elle s’installera dans ce qui était l’épicerie en gros de Gildas Grelier, place des grandes Halles, » rebaptisée place Aristide Briand en 1932.
Aujourd’hui, « si les premiers bâtiments Bailly viennent d’être transformés en parking… »
« … Ceux de la place Aristide Briand ont été tronqués au niveau de la cour intérieure qui desservait les écuries, lorsque le bâtiment… accueillait un hôtel, » – une démolition afin de faire place à un nouvel immeuble…
« L’histoire de ce bâtiment en quelques dates »
« 1846 – Le Quartier Neuf, qui couvre les quelques 40 parcelles que possédait M. Gobin, sort de terre. Parmi celles-ci, le terrain situé à l’angle du Champ de foire et de l’actuelle place Briand est vendu pour 4.000 francs à messieurs Louis James, tisserand et aubergiste, et Victor James, son fils, également tisserand. »
L’Hôtel du Couchant
« Là, tous deux construisent un hôtel qui portera le nom d’Hôtel du couchant. Suite aux décès des propriétaires, le bâtiment sera vendu en 1904 à M. Pierre Fourage, boulanger à l’angle de la rue Carnot et de la rue de Lorraine, » (à côté de la quincaillerie Salmon…)
« De 1901 à 1911, l’immeuble est loué à M. Paul Pageaud, commissionnaire en marchandises ; puis à Gildas Grelier [père de l’abbé Grelier], épicier en gros ; et enfin à un aubergiste, Jean-Louis Viaud, qui officiera de novembre 1898 à septembre 1909. »
« Pierre Fourage vendra l’immeuble en 1919 à Sylvain Bailly père, négociant. Ses deux fils, Sylvain et Léon, exploiteront l’affaire ; puis André, fils unique de Léon, prendra la suite jusqu’en 1994. »
« Rue de la concorde, les deux maisons qui jouxtent les entrepôts seront louées, et le bâtiment à la suite servira de réserves. Lesquelles seront suppléées par un entrepôt situé à l’angle de la rue de Bois-de-Céné et du boulevard Viaud Grand-Marais – actuellement les Jardins Médicis. »
Epilogue
Ainsi, comme l’indiquait la vieille enseigne du magasin, la quincaillerie Bailly est bien une « Maison fondée en 1892… » mais pas sur la place A. Briand.
Et, autre idée fausse… l’enseigne, quant à elle, ne datait pas de 1892, ni de 1919 d’ailleurs, mais de… 1990. La photo d’un article de presse de cette année-là nous montre, ou rappellera aux Challandais de longue date, quel était l’aspect de la quincaillerie Bailly dans les années 1980…
Cet article, qui annonçait une « cure de rajeunissement » pour le magasin, présente ensuite une vue de la nouvelle devanture, alors flambant neuve !
L’auteur de cette transformation n’est pas cité par le journaliste, mais Erick Croizé le connaît, il s’agit d’Hubert Pacteau, artiste challandais aux multiples talents…
Néanmoins, la nouvelle quincaillerie Bailly-Quaireau respecte le côté rétro imaginé par Hubert Pacteau. La voici juste avant sa réouverture, ce mardi 18 juillet 2023. Bientôt, « une enseigne qui rappellera l’ancienne, » sera posée au-dessus de l’entrée…
Sources : Erick CROIZÉ ; Didier LE BORNEC ; archives de la Shenov (société d’histoire de Challans).
© Les Nouvelles de Challans, 18 juillet 2023 – textes : Erick CROIZÉ et Didier LE BORNEC