Challans 1911 – Un « souterrain » s’effondre sous la cour de l’hôtel de la gare ?

Le jeudi 9 mars 1911, l’abbé Charles Grelier colle dans sa Chronique paroissiale une brève découpée dans le journal nantais L’Espérance du peuple :

CHALLANS – Excavations étranges. – Au mois de novembre dernier, un cheval de l’hôtel Belet avait, en traversant la cour, défoncé le sol.
M. Belet ayant voulu se rendre compte de ce défaut de résistance du sol, fit enlever le macadam. Il se trouva en présence d’une excavation de 1 mètre 80 environ de profondeur. 5 mètres cubes de délivres
[décombres, NDLR] furent nécessaires pour la combler.
Un éboulement vient de se produire de nouveau, au même endroit, et sans aucune cause apparente.
Cette fois, le trou avait une profondeur de 2 mètres et un diamètre de 1 mètre 50 à la partie supérieure. On dû employer, afin de le remplir, 6 mètres de délivres.
Existe-t-il quelque souterrain dont la voûte s’effondre ? Un torrent inconnu passe-t-il par là ? La parole est aux archéologues.

(L’Espérance du peuple – archives numérisées de Loire Atlantique)
L’hôtel et restaurant du Chemin de fer « tenu par Belet »
Hôtel construit dans une petite vallée !

Pour rappel, l’abbé Grelier était également historien et archéologue, et l’information le fit réagir à plusieurs niveaux. Il note à la plume dans sa chronique : « On lit aujourd’hui dans « L’Espérance du peuple » l’article ci-joint. Voici d’abord ce que M. Belet aurait dû faire : avant de combler les « excavations étranges », il aurait été sage de faire venir un archéologue. Mais puisque cela n’a pas été fait malheureusement, on peut fournir l’explication suivante. L’Hôtel Belet a été construit dans une petite valée [l’abbé écrit « vallée » en ancien français] entre la côte de l’hôpital et celle qui est en face de la gare. Cette valée en cet endroit a été comblée. Un tassement, produit par les infiltrations causées par l’inondation dernière, s’est fait probablement en Novembre et s’est renouvelé ces jours-ci… »

Mais en conclusion, Charles Grelier l’archéologue redevient Charles Grelier le prêtre et donne cette précision : « ce M. Belet est le fils de l’acquéreur sacrilège des biens de la Fabrique (1) de Palluau… » C’est peut-être pour l’abbé une autre explication… Il ne manquait pas de noter ces petits signes du destin dans ses cahiers…

(1) Administration des fonds d’une église – les fabriques avaient été supprimées quelques années plus tôt par la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat.

L’hôtel Belet et l’avenue de la Gare autrefois
L’établissement est aujourd’hui le bar hôtel « Le Roc »

Sources : archives de la Vendée, fonds de l’abbé Grelier ; archives de Loire Atlantique ; recherches, transcriptions LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 8 avril 2023 – Didier LE BORNEC

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