En avril 1920, comme de nombreux journaux, Le Prolétaire de la Vendée donne les horaires des « trains et tramways de la Vendée. » Deux colonnes sont réservées à la ligne « de Challans à Fromentine, » ouverte en 1895 et qui fermera en 1949. Douze gares et arrêts figurent à l’époque sur le tableau.
N.B. Le 61 « Circule tous les jours, sauf le mardi, jour de marché à Challans. » Là, il faut prendre le 265, lequel « Ne circule que le mardi, jour de marché à Challans. » Le 265 ne partait qu’à 11 h 50 (12 h 02 à Challans-Ville), ce qui laissait le temps de faire son marché et permettait de ne pas rentrer trop tard aux personnes arrivées à 8 h par le tramway de 6 h 40 au départ de Fromentine…
« CHALLANS-ÉTAT » (de « Chemins de fers de l’État ») était le point de départ, devant la gare de Challans, laquelle avait pour ligne principale celle de « La Roche-sur-Yon à Nantes via Challans. » On voit ici le tramway sur la place, avec sa Locomotive tender 030 Decauville…
En 1899, dans un Guide Joanne des Bains de mer de l’État, on pouvait lire : « La voie ferrée de Challans à Fromentine (…) traverse Challans (…) beaux jardins (…) bourg au centre duquel elle dessert l’arrêt de Challans-Ville, et à l’extrémité la halte du Calvaire. »
« Challans-ville, » était l’arrêt le plus fréquenté, il se trouvait devant « Les Petites Halles, » ou « Halle au beurre, » place du Commerce, l’actuelle place du Général de Gaulle. On descendait à cet endroit pour se rendre au marché – on aperçoit sur cette carte postale, au bout de la rue Gobin, les grandes halles de 1846…
« Challans-le-Calvaire, a.f. » (arrêt facultatif) était donc « la halte du Calvaire » à la sortie de Challans, au Boutourin, appelé aussi « quartier de la Croix de Mission. » L’arrêt était bien pratique sans doute pour les « plumeuses » des volaillers installés à cet endroit. Pourtant, il fut supprimé dans ces années 1920. Lors du conseil municipal du 17 février 1929, le maire de Challans, Maurice Ballineau, rappela une demande « faite l’année précédente par les habitants du quartier de la Croix de Mission en vue d’obtenir le rétablissement de l’arrêt du tramway de Challans à Fromentine au lieu dit le Calvaire. » Et le conseil renouvela son « avis favorable… »
Après Challans, le Guide Loanne poursuit sa description sommaire du paysage : « Cultures et champs de vignes, clos de haies ; plus loin le pays devient dénudé, tout en demeurant très cultivé. » Le tramway roule durant 5 kilomètres et atteint…
« Les Ormeaux, a.f. » Il s’agissait du premier arrêt pour Sallertaine, facultatif lui aussi, situé pourtant au carrefour de la route de Beauvoir et de la route de la Fénicière – aujourd’hui juste avant « le radar… » La seconde station était…
« Sallertaine » ou « Les Quatre-Moulins, » ici, « beaucoup de vignes et des bouquets de pins, » annonçait le guide Joanne. La photo ci-dessus, datant de 1903 ou 1904, montre la famille Martel, les jumeaux Jan et Joël enfants, et des amis à la gare des Quatre-Moulins. Celle-ci se tenait à environ 5 kilomètres du Mollin, propriété des Martel : peut-être s’y rendaient-ils en charrette afin de prendre le train jusqu’à la mer…
Viennent ensuite « des marais et prairies marécageuses. A droite avant la station de Saint-Gervais, propriété avec beau parc… »
On arrive à mi-parcours…
« Saint-Gervais-le-Marais, » soit la gare de Saint-Gervais, « 2,017 habitants ; grand élevage de chevaux ; tour ronde, en petit appareil, dite la Huguenote ou Motte aux Huguenots, et autres débris romains ; mégalithes… »
Puis « On longe les maisons basses et blanches (…) échelonnées des deux côtés de la route. Halte de l’église de Saint-Gervais (église à gauche)… »
« Beauvoir-sur-Mer, » était l’étape suivante. Comme Challans, la ville possédait trois stations : la première à la gare, ci-dessus ; la deuxième à deux minutes, à « Saint-Pierre, a.f » mais on ne trouve aucune trace de cet arrêt ; l’explication est peut-être dans le guide : « La voie quitte un instant la route de terre, la retrouve bientôt et court entre des cultures, puis de pauvres prairies à l’herbe jaune et rase… »
« Grand-Pont-sur-Etier, » enfin, « où l’on franchit un étier, » était la troisième halte, avant de reprendre le voyage en direction de…
« La Barre-de-Monts » avant-dernière station, « 1,535 habitants, ville qu’on laisse à gauche, à l’entrée de bois de pins, » avant de « longer des dunes tapissées de pineraies… »
Et pour finir…
« FROMENTINE, » où tout le monde descendait. Des correspondances, par bateau, attendaient les voyageurs pour Noirmoutier et l’île d’Yeu : des « bacs à vapeur » ou des « chaloupes à voile » en 1899.
Du goémon et des moustiques…
L’avis tranchant du Guide Joanne à propos de « Fromentine terminus de la voie ferrée, hameau de la Barre-de-Monts, se compose de la gare, d’un hôtel-auberge et de quelques maisons, s’étendant jusqu’à l’embarcadère des bateaux pour Noirmoutier et l’île d’Yeu, au-dessus d’une plage vaseuse, puante, couverte de goémon et infestée par les moustiques. Ce n’est pas de ce côté que se créera, si jamais le projet se réalise, la station de bains de mer de la Barre-de-Monts, mais à gauche, dans les dunes boisées (bonne chasse), dont le bourrelet domine une plage plus propre et plus saine… »
Voir aussi : Les « trains de plaisir » de Challans à Fromentine
Sources : Le Prolétaire de la Vendée (Gallica BnF RetroNews – LNC) ; Le Train, Christophe Berser, 1999 Editions C.M.D. ; Guide Joanne des Bains de mers de l’État, Librairie Hachette et Cie – édition de 1899 (BnF Gallica) ; La Vendée des petits trains, Michel Harouy – 1987 Editions Cénomane ; société d’histoire de Challans (fonds Théo Rousseau) ; archives de la Vendée ; recherches et documents LNC.
© Les Nouvelles de Challans, 26 octobre 2023 – Didier LE BORNEC