La démolition du château d’eau de la rue Saint Dominique aura pour effet de faire réapparaître la colonne ou calvaire Notre-Dame du Rosaire, caché entre béton… et végétation, et dont beaucoup de personnes ignorent même l’emplacement.
Autrefois cependant, le calvaire était bien placé pour être vu, et de loin, au sommet d’une côte, en bordure des champs, pas une maison autour… Si le château d’eau date de 1937, le calvaire, lui, a été érigé pour la mission et jubilé de 1886 : il a 136 ans. Cette année-là, le pape Léon XIII avait décrété « un saint jubilé placé sous le patronage de la très sainte Vierge du Rosaire. »
L’origine de la rue Saint Dominique
Selon la tradition, au 13e siècle, la Vierge Marie se présenta à Saint-Dominique sous ce vocable de Notre-Dame du Rosaire, et les dominicains sont depuis d’ardents propagateurs de ce nom. À Challans, la mission de 1886 fut prêchée par cet ordre, et, au pied de la colonne, la statue est celle de Saint Dominique.
Du coup, sur des cartes postales du début du 20e siècle, le calvaire fut appelé « Monument Saint-Dominique, » ou « Calvaire Saint-Dominique. » Et le saint « sera à l’origine du nom du quartier et de la rue, » explique Olivier Lacarrieu dans le bulletin 2002 de la société d’histoire de Challans. Cette rue était avant cela le chemin vicinal n° 6, ou encore le chemin de Challans à Apremont.
Le moulin du Calvaire
Redevenue plus visible, la colonne Notre-Dame du Rosaire sera peut-être restaurée, c’est aujourd’hui un monument de notre patrimoine, avec un petit côté mystérieux. Et ce lieu est chargé d’histoire : il s’agit d’un très vieux sanctuaire. Le cadastre de 1832 indique déjà un calvaire à cet endroit, et, à proximité, un « moulin du Calvaire » antérieur à 1750.
Sur les hauteurs de la ville, l’endroit était également un lieu propice à la construction de moulins à vent : on trouvait plus loin le « moulin de Villeneuve, » et, au milieu, le « petit moulin des Vignes, » les vignes de la Croix Maraud.
Une étrange histoire de crypte
Enfin, dans son article, Olivier Lacarrieu rapporte aussi une histoire curieuse : en 1865, lors d’un autre jubilé, « entre 6.000 et 7.000 personnes assistèrent à la bénédiction de la croix de pierre du moulin. » Il ajoute : « celle-ci avait été réédifiée en 1863, à l’initiative du curé-doyen, l’abbé Victor-Aimé Amiaud. » Mais alors : « sous la croix, il fit construire une petite crypte destinée au rétablissement du culte de Saint-Symphorien, jadis vénéré à Challans dans une chapelle détruite au début du XIXe siècle (…) » Cependant, la crypte resta vide, puis, « en 1886, elle fut comblée et la croix remplacée par l’actuelle colonne. » Le calvaire est à restaurer… et son sous-sol est sans doute à fouiller.
Sources : Erick Croizé ; Olivier Lacarrieu : Calvaires, statues et petits édifices religieux challandais ; la Shenov ; les Archives de la vendée ; LNC.
© Les Nouvelles de Challans – Didier LE BORNEC