En 1884, le docteur Ambroise Viaud-Grand-Marais publie le Guide du voyageur à Noirmoutier, un petit livre qui le rendra sans doute plus célèbre que ses nombreux ouvrages traitants de l’asthme, du choléra asiatique, des serpents, ou des plantes…
La plus grande partie du guide concerne bien sûr Noirmoutier – à lire absolument, – mais Viaud-Grand-Marais donne d’abord « les divers moyens d’atterrir sur l’île, » et décrit les villes et villages traversés en chemin de fer depuis Nantes, avant « d’atterrir » à Noirmoutier par bateau ou en voiture à cheval en empruntant le Gois. Avec quelques erreurs et approximations, ce guide du 19e siècle peut de nos jours encore donner des idées de visites – même si certains sites ont disparu. Il nous montre enfin comment notre région était vue à l’époque !
Passé Machecoul, le guide en vient, dans un style télégraphique, à Bois de Céné : « Butte féodale près la gare [à deux kilomètres, NDLR]. Traces d’une voie romaine suivie par les moines de Noirmoutier fuyant les Normands. »
Puis, « En approchant de la station suivante, on aperçoit à gauche le château moderne de Fonteclause (sic), de M. Baudry-d’Asson. À peu de distance se trouvait le manoir du même nom, où Charette, en 1793, souleva la Basse-Vendée, » château et manoir existent toujours, mais ne se visitent pas.
« La Garnache. (13 kilomètres de Machecoul, 6 de Challans), 3,185 hab. Très ancienne demeure féodale de laquelle dépendaient Beauvoir et les îles d’Yeu et de Noirmoutier. Elle n’a plus que 500 habitants groupés autour de son clocher. Le château, très important jadis, fut assiégé en 1419 et 1591, puis démantelé en 1622 par ordre de Louis XIII. Son donjon, grande tour carrée du XIIIe siècle, a été abattu et transformé en magasin. »
Petite ville siège d’un grand commerce de bestiaux, canards, et poulets
« Challans. (4,917 habitants), situé entre le Bocage et le Marais ; siège de transactions nombreuses, d’un grand commerce de bestiaux, de canards et de poulets (on vend parfois à Challans le mardi, dans un seul marché, pour 30.000 fr. de canards et de poulets). Fours à chaux. Point souvent pris et repris pendant la guerre de la Vendée et alors chef-lieu de district. Courses de chevaux et sauts à la ningle. C’est de fait le chef-lieu du marais septentrional de la Vendée. »
« La gare de Challans est située à l’extrémité Est de la petite ville, qui a près de 2 kilomètres de longueur. Une voiture correspondant avec le premier train de Nantes fait le courrier entre Challans et Beauvoir. Elle suit une sorte de cap schisteux s’enfonçant dans le marais (…) »
« À peu de distance, sur la commune de Soullans, se tient le manoir de la Vérie, où Mlle de Lézardière écrivit ses études remarquables sur la Théorie des lois politiques de la France. Non loin de cette maison noble, se trouve un beau menhir, » – la Pierre levée, qui se dresse effectivement sur le territoire de Soullans, mais le château de la Vérie est à Challans.
« Sallertaine. (Il existe dans cette commune) près de l’église, un souterrain refuge et ça et là se voient des pierres druidiques et les restes des abbayes de la Lande de Beauchêne et de l’Ile Chauvet. Importantes foires de bestiaux. »
« Saint-Gervais. (11 kilomètres), formé d’une suite de maisons bordant la route. Très grandes foires de chevaux ; restes d’une villa romaine. – Au delà, à droite, manoir de Fontordine avec ses bois servant d’amer. Là vivait naguère, entouré de l’estime de tous, Charles Mourain de Sourdeval qui a beaucoup écrit sur le marais septentrional de la Vendée et à qui l’on doit une remarquable étude sur le cheval. Du haut du coteau de la Maladrie (ou Maladrerie), avant de descendre à Beauvoir, on jouit d’un superbe coup d’oeil ; à l’Est se voit Saint-Gervais au milieu des arbres ; au Nord, le marais de Bouin ; à l’Ouest, la petite ville de Beauvoir, la mer et Noirmoutier ; au Sud, un immense tapis de verdure qu’encadrent les dunes de Saint-Jean, de Notre-Dame et de la Barre-de-Monts. C’est le marais de Beauvoir, de Saint-Gervais et de Saint-Urbain, transformé, au mois d’août, en plaine jaunie, où bondissent de nombreux troupeaux… »
© Les Nouvelles de Challans, 15 février 2022 – Didier LE BORNEC