1917 – Un dirigeable passe au-dessus de Challans

Par Erick CROIZÉ

C’est bien connu, l’homme a toujours rêvé de voler. Les premières tentatives se sont souvent soldées par de douloureux échecs. Il était nécessaire d’avoir un minimum de connaissances, de l’argent et surtout un courage à toute épreuve que seule l’inconscience pouvait remplacer.

Voler n’était pas à la portée du premier venu, mais regarder voler un objet plus léger que l’air, c’était, pour une imagination en liberté, le début d’une aventure. Le journaliste Auguste Barrau (1856-1940), le nez en l’air – ce qui n’étonne pas du poète qu’il était également, – fait partager à ses lecteurs le majestueux passage d’un dirigeable, le vendredi 8 juin 1917 : « Il survole la ville à grande hauteur, suit une direction Nord-Sud et présente l’aspect d’un oiseau aux ailes pliées. »
Le dimanche 6 juillet de la même année, c’est au-dessus de sa rue, la rue Bonne Fontaine, qu’il observe un dirigeable entrer par le Sud-Est, puis obliquer vers l’Ouest. Il estime sa hauteur à 300 ou 400 mètres. Quelques jours après, Auguste Barreau complète l’information en précisant que « le dirigeable venait de la Station d’observation météorologique de Bordeaux et se dirigeait vers l’Île de Noirmoutier, pour y effectuer des relevés. »

Voici l’appareil imaginé par un horloger de Vienne, Jacob Deghen. C’est une combinaison entre le cerf-volant et l’aérostat. Les ailes, mues par les pieds et les mains, devaient permettre de choisir sa direction. Hélas, le premier essai, tentée au Champ-de-Mars à Paris, fut un échec. Pire, la foule, frustrée par cette tentative ratée, conspua l’horloger et mis l’appareil en pièces ! En dehors de la bêtise possible d’une foule, toujours d’actualité, on remarquera que la partie basse de l’appareil a quelque chose de très contemporain.

Vaisseau aérien d’Ernest Petin – 1851

Jules Verne imagina, pour Robur le conquérant, un vaisseau volant. Ce Voyage extraordinaire fut publié en 1886. L’écrivain nous décrivait, dans les premières pages, un duel au pistolet où ni l’un ni l’autre des adversaires ne fut touché, alors qu’une vache qui paissait à cinquante pas recevait une des balles dans l’échine ! Ils se disputaient sur l’air joué par une trompette aérienne, au-dessus de leurs têtes, au-dessus des nuages. Ce plaisantin, c’était Robur le Conquérant à la barre de l’Albatros, un vaisseau volant, doté d’une forêt de mats se terminant par des hélices. Les unes tenaient l’appareil suspendu dans l’air, les autres le remorquaient.

On imaginait à l’époque les machines volantes pour de nombreux passagers à partir du bateau. Avec quatre-cinquièmes de la surface du globe liquide, mieux valait prévoir, pour un atterrissage d’urgence, une coque qui puisse flotter. Un pont, des mats, et bien sûr, une motorisation originale.

Le magnifique vaisseau aérien, présenté plus haut, s’appuyait sur quatre aérostats à gaz hydrogène, reliés par un pont. Deux vastes châssis, garnis de toiles et disposés horizontalement, étaient portés par des mats. Ce sont ces toiles qui, manœuvrées, devaient assurer le mouvement du vaisseau. Cette impressionnante machine se vit interdire son premier vol par le préfet de Paris, conseillé par quelques savants : on craignait pour la vie des passagers qui devaient y prendre place. L’Angleterre, où l’inventeur se rendit, refusa aussi. Arrivé à la Nouvelle-Orléans, le malheureux aérostier ne put faire gonfler ses quatre ballons : le gaz fourni par la ville fut vite épuisé ! C’est à Mexico qu’il réussit finalement une ascension, mais le vaisseau ne put ni se diriger, ni avancer. Le système des voiles horizontales ne fonctionna pas. Il revint en France et abandonna l’aérostation.

Observateur dans sa nacelle pendant la « Grande Guerre »

Nettement moins poétique, le ballon captif utilisé pendant le conflit mondial de 14/18 fut baptisé « saucisse volante, » une expression passée dans le langage courant.

Terminons cet inventaire non « exsaussice » par ce dirigeable dont le moteur est une bicyclette – tiens, aucun inventeur n’y avait pensé ! – il remporta un prix de 50 francs, lors de la fête de printemps de 1927 à Challans.

Sources : Shenov ; Collection Breteau ; documentation personnelle.


© Erick Croizé

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