1588 – Le futur Henri IV a failli être tué entre Bouin et Beauvoir-sur-Mer

« Beauvoir était autrefois fortifié et défendu par un château fort. Henri IV, n’étant encore que roi de Navarre, l’assiégea en 1588 et faillit y être tué, » c’est ce que nous apprend ou nous rappelle une carte postale des années 1930, époque où ces cartes étaient souvent instructives…

« Beauvoir-sur-Mer (Vendée) – Le Moulin et vue panoramique. » Un moulin… un peu coupé… qui doit être celui de Sainte-Catherine appelé aussi « moulin Biron. »

La carte a été éditée par Artaud père et fils, avenue de la Close à Nantes. La marque « Gaby » fut créée en 1934, la photo a sans doute été prise au milieu des années 1930.

Dans un article précédant, il était question de Henri roi de Navarre, protestant, futur Henri IV, catholique… qui coucha au château de La Garnache avant le siège de Beauvoir – pendant les guerres de religion. Dans L’Histoire universelle, Théodore Agrippa d’Aubigné (1552-1630) a raconté toute cette aventure, et plus encore. Le Sieur d’Aubigné, protestant lui aussi, était « homme de guerre » et poète, écrivain, historien… et en particulier écuyer et ami du roi de Navarre.

En automne 1588, dans le but réel de se rendre en Bretagne, Henri de Navarre souhaita d’abord « feindre le siège de Beauvoir » que d’Aubigné appelle « Beauvois sur mer, » « Beauvois, » ou « Beauvais, » et qui est à côté de « l’isle de Noir montier… » Mais sur place, « voyant le vent tout contraire à son armée navale… » le roi décida finalement de transformer la feinte en véritable siège. D’Aubigné donne au passage la description de la ville fortifiée : « C’est un chasteau carré, flanqué de quatre grosses tours, qui pour leur forme & leur grosseur se pourroient apeler boulevars [remparts], environné d’un fossé de 80 pieds, profond & plain d’eau, comme estant rafraichi par les marées… » (orthographe du 16e siècle).

Vers le port de Bouin

Ce fut le second jour du siège que Henri de Navarre faillit être tué. Il voulut « se promener en reconnoissant le païs, jusques au port de Bouin, accompagné de quelques trente gentils hommes & d’une douzaine de ses gardes qui venoient après… » Mais ils furent repérés par les troupes catholiques qui protégeaient Beauvoir, dont un détachement se glissa dans des fossés alors à sec… Et d’un coup, des dizaines d’arquebusiers se dressèrent à quelques pas du roi de Navarre ! Son écuyer se jeta devant lui… le roi refusa de se retirer… et fut pris au corps par ses hommes qui le poussèrent « de l’un à l’autre jusques sur l’arrière, si bien que la moitié de sa troupe se trouva devant luy… » Mais alors, « l’ardeur du beau coup aveugla tellement les soldats (catholiques) » qu’ils tirèrent tous en même temps… « si bien qu’en tout ils ne tuèrent qu’un pauvre gentil homme & en blessèrent deux. » Les protestants coururent aussitôt l’épée à la main vers leurs ennemis, lesquels « se retirèrent au pas » ! Le siège se poursuivit avec fougue et inventivité… et finalement, Beauvoir capitula…

Henri IV, roi de France et de Navarre, lors de sa conversion au catholicisme – gravure de Jacques Callot

Sources : L’Histoire universelle, Théodore Agrippa d’Aubigné ; BnF Gallica ; recherches et documents LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 23 février 2025 – Didier LE BORNEC –

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