Le samedi 22 juin 1940, l’abbé Charles Grelier écrivait dans sa Chronique paroissiale : « Ce matin, à 8 h 1/2, les soldats allemands sont entrés dans Challans. Ils ont mis huit minutes pour venir de la Garnache à Challans. Ils ont pénétré brusquement en ville, par la route de la Garnache [rue de Nantes], la rue de la Poste, et se sont arrêtés place du Commerce (1), où ils ont installés des mitrailleuses… »
Deux mois et demi après, en septembre, devait se tenir la Foire des Minées… Elle aura lieu tout de même, mais… le quotidien Le Phare de la Loire – de Bretagne et de Vendée, – en fit un compte-rendu en demi-teinte…
(1) La place du Commerce deviendra la place du Général de Gaulle le 1er octobre 1944, après la Libération.
« Malgré les circonstances… »
Le Phare de la Loire a voulu continuer à paraître pendant l’Occupation, donc sous contrôle de la « Propagandastaffel » allemande (2). Il titre sobrement : « La Foire des Minées à Challans… » Et sous une grande photo, le journaliste annonce : « Malgré les circonstances, la foule des acheteurs était encore assez dense. » Il rappelle ensuite que « le deuxième mardi du mois de septembre ramène chaque année la foire des Minées à Challans. Elle a donc eu lieu mardi dernier, 10 septembre, mais, on pouvait s’en douter, elle n’a pas connu les joyeuses foules d’autrefois.
« Les vanniers du Pointindoux [près des Achards, ndlr] étaient pourtant représentés par sept ou huit artisans, qui, venus à bicyclette, avaient réussi par un camion ou par le train à acheminer leurs « balles » en lattes de châtaignier. »

« Ces « balles, » petites ou grandes. « mères » ou « petites filles » disparurent très vite soit à 40 ou 45 francs, soit à 30 ou 32 francs.
« Autrefois aussi, la rue derrière les Halles s’achalandait des tréteaux des marchands de « tricottes » d’oignons et d’aulx : de Soullans et de Challans chacun venait étaler sa marchandise. Mais cette année la récolte est restée déficiente, et les transports s’avéraient difficiles. Là encore de bonne heure tout avait disparu de l’étalage de quatre marchands de Soullans, qui vendait la tricotte d’oignons de 20 à 25 francs, et la tricotte d’aulx de 5 à 6 francs. »

Le journaliste continue : « Cependant les marchands de Noirmoutier montraient encore assez de coquillages au long des Halles.
« Le foirail des bêtes à cornes était assez fourni. Et d’assez nombreux habitants du Marais et du Bas-Bocage étaient entrés ce jour-là à Challans, si on en juge par les files innombrables de carrioles, timon en l’air, au long des rues. »

Et l’article se termine par cette note : « mais l’ambiance de gaieté et de bonne humeur manquait. Et cette animation, si caractéristique de Challans, tombait de bonne heure dans l’après-midi… »
(2) A la Libération, Le Phare de la Loire sera suspendu puis interdit. Lui succédera La Résistance de l’Ouest, qui deviendra Presse Océan…
Sources : archives de la Vendée ; Shenov Challans ; RetroNews BnF ; recherches et documents LNC.
© Les Nouvelles de Challans, mardi 3 juin 2025 – Didier LE BORNEC