1938 – Un projet de téléphérique entre le continent et l’île de Noirmoutier

Comment se rendre sur l’île de Noirmoutier en 1938 ? Par le Gois, avec « une utilisation limitée » par les marées, ou par bateau, entre l’estacade de Fromentine et celle de la Fosse… « Mais ce passage d’eau dont la gestion était concédée à la Société des transports automobiles de l’Ouest (S.T.A.O.) permettait seulement le transport des voyageurs et des colis peu encombrants ne dépassant pas 500 kg, » peut-on lire dans le livre L’Equipement en Vendée – Pages d’Histoire (Vendée patrimoine 1998).

Fromentine, l’estacade (d’après un document du site geneanet.org)

Et cette année-là – en 1938, – profitant du renouvellement de la concession, le Conseil général décida « d’engager une réflexion pour améliorer le service. »

Après un appel public manqué, « c’est là qu’apparaît un projet de téléphérique parmi trois nouvelles propositions présentées par la S.T.A.O. » Un projet pris très au sérieux – le « téléphérique moderne » étant alors en pleine expansion, – et qui ne fera « l’objet d’aucune opposition de principe de la part des Ministères de la Marine Marchande et de la Marine Militaire, » indique un rapport du 29 septembre 1939 du même Conseil général.

Même la presse nationale se fit l’écho du projet  (d’après des documents BnF RetroNews – LNC)

Un téléphérique pouvant être chargé à 7,5 tonnes

Et il ne s’agissait pas d’une simple cabine « capable de transporter quelques personnes. » Parmi différentes « hypothèses, » dont un bac et « un pont gigantesque, » le Département retiendra celle « d’une nacelle pouvant être chargée à 7 t 500, c’est-à-dire prenant au besoin plusieurs voitures de tourisme ou un gros véhicule. »

Croquis du projet de téléphérique à Noirmoutier
Croquis du projet de téléphérique (d’après « L’Equipement en Vendée »)

Nous pouvons le constater… le projet de téléphérique n’aboutira pas. Et celui d’un pont non plus : « La construction d’un ouvrage sur le Goulet de Fromentine avait déjà été envisagée en 1906, mais cette tâche paraissait impossible en raison notamment de la profondeur des eaux et du courant important à cet endroit. »

« Un pont ouvrant »

En 1939, cette même solution ne déclencha pas l’enthousiasme pour d’autres motifs. On ne pouvait imaginer alors le pont que nous connaissons, et « pour les besoins de la navigation dans le Goulet, » on se serait orienté vers un ouvrage devant comporter « une travée ouvrante. » Seulement, « sa largeur influera fortement sur le coût des travaux, » et « les passages de bateaux exigeront de fréquentes manœuvres de cette travée mobile ; de sorte que la circulation sur l’ouvrage sera souvent interrompue. » Avec cela, « l’existence d’une travée mobile implique au surplus la rémunération de préposés à la manœuvre, d’où une dépense permanente se superposant aux frais d’entretien. Quels que soient ses avantages, la liaison par un pont résoudra donc ici de façon moins parfaite qu’ailleurs le problème des communications. »

Ces réflexions s’arrêtèrent brutalement le 3 septembre 1939 : la Grande-Bretagne et la France entraient en guerre contre l’Allemagne…

Ce sera finalement en 1953 que « les services des Ponts et Chaussées engageront une campagne de sondages en vue des premières études pour un projet de pont à l’Ouest de l’estacade de Fromentine. » Il fut accepté en 1964 par le Conseil général… Le pont sera mis en service en 1971 – avec un péage jusqu’en 1994…

Ponts et Chaussées Vendée
L’équipe des Ponts et Chaussées qui réalisa les premiers sondages en 1953 (photo extraite de « L’Equipement en Vendée »)

Sources : L’Equipement en Vendée – Pages d’Histoire (Vendée patrimoine 1998 – archives Lucien Proux) ; Rapport du Conseil général de la Vendée du 29 septembre 1939 ; Gallica BnF ; Paris-soir et La Journée industrielle 1939 (RetroNews Gallica) ; recherches et documents LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 29 mars 2023 – Didier LE BORNEC

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