Depuis plus de 60 ans, avec un petit déplacement vers la plage en 2001, la sculpture Les Oiseaux de mer domine l’océan, face au Palais des congrès Odysséa de Saint-Jean-de-Monts. Elle a été inaugurée en juillet 1964, offerte à la ville par le promoteur Jean Minelian, qui en avait passé commande aux jumeaux sculpteurs Jan et Joël Martel en 1963.

Cette sculpture a été réalisée en pierre concassée de Saint-Martin-de-Brem liée avec du ciment blanc. L’office de tourisme du Pays de Saint-Gilles indique que la carrière de cette commune a été exploitée entre 1902 et 1984, et que « la pierre était grise lors de l’extraction puis devenait rousse, rouge au fil du temps. Cette pierre était très dure, on l’appelait la micro granulite. Elle fut utilisée comme matériaux de construction pour certaines maisons de Brem-sur-Mer… » (Saint-Martin-de-Brem et Saint-Nicolas-de-Brem ont fusionné en 1973 pour donner Brem-sur-Mer).

La dernière œuvre monumentale de Jan Martel
Les œuvres des frères Martel sont le plus souvent signées « J. J. Martel » (Jan et Joël Martel), mais Les Oiseaux de mer ne portent que la signature « J. Martel. » En 1996, Lise-Laure Forney-Martel, fille de Jan Martel et de Louise Simoneau-Martel, est interviewée par Françoise Mialet, responsable des expositions à l’Hôtel du département de la Vendée (1), et elle explique, entre autres, qu’elle a pour cette sculpture « le souvenir précis de (son) père (seul) au travail, car Joël, malade à cette date, n’a pas dû y participer. » Joël Martel était atteint de la terrible Maladie de Charcot – maladie neurodégénérative grave, paralysante, et fatale… Mais ce fut aussi la dernière oeuvre monumentale de Jan Martel…
(1) Catalogue de l’exposition « Joël et Jan Martel sculpteurs 1896 – 1966 » du 13 avril au 24 août 1996 à La Roche-sur-Yon.



Destin curieux de jumeaux… si Joël est très malade, c’est Jan qui s’en ira avant lui, le 16 mars 1966, des suites d’un accident de la route, près de Lille, dans une DS conduite par son ami l’architecte Jean Bossu – dont l’épouse, Lucienne Genevrey-Poirot, sera blessée. Mais Joël décédera six mois plus tard, le 28 septembre 1966… Ils avaient 70 ans…

Des « oiseaux de mer » mais lesquels ?
Devant la sculpture, les avis sont partagés… Elle représente « des pigeons, des goélands… » ? Pour Lise-Laure Forney-Martel : « leur dessin très stylisé les rend assez difficilement reconnaissables (…) Pourtant, Papa m’a toujours dit que c’étaient des albatros, sans doute parce qu’il les voulait grands voyageurs. »


Et pourquoi ce vide au milieu de l’œuvre ?
En tout cas, concernant ce vide que l’on trouve au milieu de la statue, Lise-Laure a une réponse claire. Jan et Joël Martel réalisaient généralement leurs sculptures en terre glaise, puis un moulage en plâtre servait au « coulage » de l’œuvre. Concernant les Oiseaux, Lise-Laure raconte « une petite anecdote » : son père manquait de terre « pour donner forme à tous les éléments des oiseaux – tête, corps, queues, » et il en avait retiré « petit à petit du centre de la composition, ce qui avait fini par faire un trou. »

« Au moment de la finition, il avait l’intention de le reboucher. C’est ma mère qui l’en a dissuadé en lui conseillant au contraire de l’agrandir pour rendre l’ensemble plus aérien (…) et il a merveilleusement tiré parti de cette idée. »


Les Oiseaux de mer sont une oeuvre à (re)découvrir à la lumière de ces quelques informations…
A voir aussi, pour en savoir plus sur Jan et Joël Martel : Du « Mollin » au moulin de Saint-Jean-de-Monts

© Les Nouvelles de Challans, 18 décembre 2025 – Didier LE BORNEC
