Challans – Les petits secrets du coq du monument aux morts

Cet article est la reprise d’une première version publiée en mars 2022, considérablement augmentée, revue et corrigée…

Le coq gaulois du Monument aux morts de Challans avait disparu en 1940 et ne fut remis en place que… 62 ans plus tard !

Mais ce n’est pas la sculpture d’origine ni une copie très fidèle de celle qui ornait le monument inauguré le 29 octobre 1922…

En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate, et le 22 juin 1940, Challans est occupé par l’armée allemande, la mairie changée en kommandantur… Et, dans les archives de l’abbé Charles Grelier, au dos d’une carte postale représentant le monument avec son coq, on peut lire cette note manuscrite : « Pendant la guerre de 1939 (…) l’un des majors-commandants allemands fit enlever le coq qui surmontait ce monument. Il le fit enlever par M. Arsène Gautier, combattant de la guerre de 1914… »

En 1940, les nazis étaient à court de métaux, on peut supposer que le major-commandant pensait que le coq était en bronze…

Le monument aux morts de Challans avant la Seconde Guerre mondiale (document de la Shenov)

Un coq en plâtre !

« Mais là, les Allemands ont été dupés. Le coq avait une enveloppe de cuivre bruni, et l’intérieur était en plâtre. Le réalisateur du monument avait dû répondre au marché tel qu’il avait était passé, et le rendu était satisfaisant puisque même l’occupant s’y est laissé prendre ! » raconte Jean Voyeau (1), qui a connu le fin mot de cette histoire par des témoins oculaires… Finalement, le coq, mis en pièces, a dû être jeté…

(1) Jean Voyeau fut le premier adjoint du maire Louis Ducept, puis le président du Comité de la Foire des Minées durant 10 ans, succédant à Hubert Pacteau, il est également président de la section challandaise des anciens combattants Fncpg-catm.

Le monument aux morts de Challans après la guerre
Le monument après la guerre de 1939-1945… sans coq…
Détail d’une carte postale du milieu des années 1990 : le coq est toujours absent…

Un monument sans coq durant 62 ans

Après la Libération… personne ne songea à restaurer le monument. Ce n’est qu’en 2002 qu’Hubert Pacteau (1), cité plus haut, proposa de reproduire le coq : « il s’est inspiré d’une photo d’époque appartenant à M. et Mme Yvon Naulleau, voisins de l’hôtel de ville, » explique Jean Voyeau.
C’est donc une sculpture de cet artiste, contemporaine, qui domine aujourd’hui le monument aux morts ! Mais cet événement est passé presque inaperçu : « le nouveau coq a été posé lors d’une cérémonie en petit comité, nous n’avions pas prévenu la presse… » Peut-être que personne n’a vu la différence…

(1) Hubert Pacteau  – qui nous a quitté en 2014 – était un touche à tout génial : peintre, dessinateur, affichiste, sculpteur – pour des œuvres sérieuses ou humoristiques et gigantesques : le canard Léon d’Autrefois Challans, c’est lui, – décorateur aussi… ou comédien amateur… président de la Foire des Minées, donc, et créateur de 40 affiches de l’événement…

Cette partie de l’article a été corrigée : nous pensions que le nouveau coq avait été posé en 2004, ce qu’indique un article paru dans le bulletin 2007 de la Shenov. Mais une brève du journal Vendée matin, retrouvée dans les archives… de la Shenov, nous donne la date exacte : le coq « a été remis en place à la veille des célébrations du 11 novembre… » 2002 (NB. l’article comprend lui aussi des erreurs).

Vendée matin / Presse-Océan – 16 novembre 2002 (archives de la Shenov) – lire « 62 ans » et « 1940, » de plus, l’armée allemande a quitté Challans en août 1944…
Le monument aux morts et son coq de 1922…
La même vue de nos jours (LNC)

Un nouveau coq… sans casque à pointe !

Une autre découverte permet d’ajouter des précisions à cette petite page d’histoire locale liée à l’Histoire nationale. Les archives départementales possèdent un plan du monument aux morts de Challans daté de 1922, où l’on découvre entre autres tous les détails du coq. Le monument ne se contentait pas de rendre hommage « aux morts pour la patrie, » il célébrait aussi la victoire de la France sur l’Allemagne… Aussi, notre coq gaulois posait fièrement une patte sur un casque à pointe utilisé par les Prussiens puis par les Allemands !

Hubert Pacteau ne connaissait pas ce détail, et son coq se tient sur une masse neutre. Ou peut-être n’a-t-il pas souhaité reproduire ce côté belliqueux. Mais cela nous conduit à une autre supposition : et si, en 1940, le major-commandant avait tout simplement voulu se débarrasser d’un affront à l’Allemagne placé sous son nez juste devant sa kommandantur ?! De plus, réserver cette tâche à Arsène Gautier, ancien combattant de la guerre de 1914-1918, était une sorte de revanche !

Le coq d’origine et le casque à pointe… (détail d’une carte postale ancienne)
Le coq actuel, sur un genre de pierre…

 

Sources : archives de la Shenov ; témoignage de Jean Voyeau ; archives départementales de la Vendée ; Vendée matin (Shenov) ; Erick Croizé ; recherches et documents LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 20 mars 2022 (mise à jour 22 juillet 2025) – Didier LE BORNEC

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