Challans – Le corbillard-carrosse-diligence d’Hubert Pacteau

Un curieux véhicule hippomobile est rangé sous l’ancien quai d’embarquement de la nouvelle salle de l’Avocette, chemin des Noues. Un carrosse de conte de fées ?

Si l’on veut… mais à l’origine, il était le dernier corbillard de Challans ! Souhaitant s’en débarrasser, le maire Jean Léveillé l’avait donné à Hubert Pacteau, sachant qu’il en ferait bon usage, connaissant la fantaisie et l’imagination de cet artiste, sculpteur, peintre, comédien amateur, animateur bénévole de la vie locale… Le maire ne sera pas déçu.

C’était au début des années 1980 ; les faits se sont un peu effacés des mémoires, trop de personnes ont disparu… Mais l’un des protagonistes, Roger Morisseau, se souvient : « Dans un premier temps, le corbillard a été transformé en carrosse par Hubert et son complice Joseph Simoneau, de sa société l’atelier Ache. » Il servira « à une première déambulation costumée dans Challans, à la suite de la pièce de Goldoni Les Rustres, et de Casanova, deux œuvres présentées cette année-là par les Amis du théâtre, avec Anne Bonnet, Claude Riant, René et Annette Croizé, Christian Piveteau, et moi-même, en Casanova. » La presse de l’époque mentionne également Hubert Pacteau, Chantal Moreau, Christine Pontoizeau, Danièle et Philippe Bazin, et Anita Weber.

Roger Morisseau cocher de diligence (photo Roger Joneau – collection Roger Morisseau)

Puis en 1981, le corbillard deviendra diligence, afin de proposer un nouveau grand défilé à l’occasion de la mi-carême, cette fois sur le thème du western. « Nous avions même une sono dans le corbillard, qui diffusait l’Homme à l’harmonica d’Ennio Morricone, » du film Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone.

Roger Morisseau, Jean-Charles Piveteau, Denis Murail et Hubert Pacteau (photo : collection R. M.)

Les cow-boys étaient des enfants… mais aussi de grands enfants : Hubert Pacteau, bien sûr, Roger Morisseau, ou encore, dans le rôle d’un shérif impressionnant, Lucien Proux – qui n’était pas encore l’un des musiciens des Luluminées, ou le cofondateur de l’École de veuze de La Garnache…
Ces fêtes grandioses de la mi-carême furent très suivies, destinées à tous, et à toutes les écoles, publiques ou privées, « on ne faisait pas de différences, c’était pour les gosses, » disait Lucien.

Lucien Proux en shérif et berger landais (archives de la famille Proux)

Pour la mi-carême suivante, en 1982, Lucien Proux et quelques autres apprendront… patiemment… à monter sur des échasses afin de devenir bergers landais !

De carrosse… à corbillard

Selon Roger Morisseau, le corbillard a servi quelques années encore, puis il a été remisé. En 2020, le Comité des fêtes de Challans l’a utilisé pour une nouvelle – et dernière ? – mi-carême. Mais avant cela, clin d’œil émouvant, troublant, dernière blague d’un trompe-la-mort, la dernière volonté d’Hubert Pacteau fut, pour ses funérailles, en juillet 2014, d’être transporté du funérarium à l’église dans son carrosse… redevenu corbillard. Mais il y eut un « problème » avec le cheval, aussi, sa famille, et la foule de ses amis l’attendirent longuement sur le parvis. Normal, être en retard était l’un de ses principes…

Sources : Maryvonne « Bibiche » Pacteau ; Lucien Proux ; Roger Morisseau ; Erick Croizé ; recherches LNC.


© Les Nouvelles de Challans, 14 mai 2022 – Didier LE BORNEC

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