Dans les cahiers de sa Chronique paroissiale, l’abbé Charles Grelier rendait compte des événements se déroulant à Challans mais aussi aux alentours. Il y collait également des photos, des coupures de journaux, des programmes… Dans le quatrième volume, page 59, pour le jeudi 10 août 1922, on découvre ainsi une « Chanson de la Fête Locale de Soullans » du dimanche 6 août, sortie des presses de l’Imprimerie Charrier, 11, rue de la Bonne Fontaine à Challans.
Il s’agit d’une chanson en patois maraîchin, humoristique forcément, un peu publicitaire, à chanter sur l’air d’une « Chanson Maraîchine. » Elle fait l’inventaire de tous les magasins et établissements sis « Autour de la place, » et c’est toute la vie d’alors qui réapparaît, avec des noms souvent bien connus. Une vie riche, un commerce florissant : on trouvait de tout à Soullans, qui comptait environ 2 400 habitants en 1920.
Trois hôtels sur la place
La chanson commence par : « Allons donc à la fête de Soullans Verrons tié maraîchins qui sont si beun avenants ! » « Allons-y donc les bons gars ! » Ils iront d’abord chez François Bocquier, « Qu’est un gros négociant. » Et chez son voisin Gautier, « Trouverons de béas rubans. » « De là sauterons chez Crépeau, acheter do bonnets bliants. » « De là chez Auguste Chartier, hôtel et restaurant. » Mais « Chez Madame Perrocheau on en trouvera autant. » Ou « chez la mère Rabiller, » « Q’mence à êtr’ do vieux temps. » Sur la photo d’une carte postale ancienne, prise lors d’une foire de Soullans, on distingue une enseigne indiquant apparemment : « À l’Étoile d’Or Rabiller loge à pied et à cheval. » Toute une époque en quelques mots, mais déjà « do vieux temps… »
Un coup d’vin blianc
La visite se poursuit chez Gustin Gaborit, où « Verrons s’ n’assortiment. » Puis « chez son vouésin Bounet boirons un coup d’vin blianc. » Alors, « Passant chez Monsieur Four trouverons de bons unguents. » De là « yérons chez Grondin » boire cette fois « do bon Frontignan… » Et chez Auguste Milcendeau, voir ses montres en argent, puis « chez la mère Rabreau qu’a do si bon gros pliant. » Fatiguant ! « Chez Jérôme Guillonneau nous r’poserons un moument ! » Avant de passer chez le père Minaud, « Voir ses béas habill’ments, » et « chez Monsieur Gaillard qui nous donnera de l’argent. » Histoire d’aller de nouveau se rincer le gosier, « chez Baptiste Charrier, qui est un bon débitant, » et déjeuner chez Benjamin Vrignaud, « qui est bon restaurant. » Enfin, « Chez Mesdemoiselles Puyroux, ach’terons do béas bas bliancs. » « Allons-y donc les bons gars ! »
Le lendemain s’y sont malades
D’avoir trop bu d’vin blianc
Yérons trouver le Docteur
Qui fera un médicament.
Allons-y donc la la la
Allons-y donc les bons gars !
Sources : Archives de la Vendée, recherches LNC.
© Les Nouvelles de Challans, 22 octobre 2021 – Didier LE BORNEC