Le 24 février 1895, sur proposition de la Commission des travaux, le docteur Lucien Dodin, maire de Challans, fait voter des crédits pour « la construction d’un puits public muni d’une pompe, et d’un marché couvert sur la place des Vieilles halles, » ou place du Commerce. C’est aujourd’hui la place du Général de Gaulle.
Côté rue Gobin, un petit édifice servit de local à la pompe – une pompe à bras visible de nos jours dans le petit musée de la Shenov, Espace Martel. Cette construction donnait à l’ensemble tout son charme, elle était proportionnée, en harmonie avec le marché couvert, car faisant partie d’un tout dessiné par l’architecte – même si elle avait été très décriée par l’opposition lors de sa réalisation.
Mais 15 ans plus tard, l’esthétique, le respect du « nombre d’or » furent jetés à terre en même temps que « l’entourage de la pompe. » Il ne restera que la colonne, devant un bâtiment devenu banal.
D’aucune utilité
Pourquoi ? L’explication, assez surprenante, fut donnée par Benjamin Riou, maire et juge de paix, lors du conseil municipal du 25 juin 1911. Président de la séance, il « expose au Conseil municipal que l’entourage de la pompe installée sur la place publique du Marché au beurre n’est d’aucune utilité, mais constitue plutôt pour les enfants un moyen de protection dont ils se servent journellement pour jouer avec la pompe, au détriment de cette dernière. » Ces enfants ne doivent pas avoir l’odorat très sensible, car l’édifice sert aussi à « nombre de personnes venant y déposer des ordures, » ce qui « rend les abords de la fontaine malpropres et insalubres. » Le maire « demande en conséquence que l’entourage soit supprimé et qu’une horloge soit installée dans la partie supérieure de la colonne abritant la pompe. » Le conseil reconnut « la justesse des observations du Président, » et vota la démolition.
Les halles demeurèrent dans cet état durant 46 ans, jusqu’à leur destruction complète en 1957, sur une idée du maire Victor Charbonnel pour « aérer la place de Gaulle. »
© Les Nouvelles de Challans, 21 février 2022 – Didier LE BORNEC